Jacques LOUA, Président de la JCPIM : « Les ivoiriens du Maroc souhaitent avoir un allègement dans la procédure d’obtention de la carte de séjour, et bénéficier des mêmes statuts et privilèges que le Maroc accorde à certaines nationalités qui vivent avec nous ici »

Jacques LOUA, Président de la JCPIM : « Les ivoiriens du Maroc souhaitent avoir un allègement dans la procédure d’obtention de la carte de séjour, et bénéficier des mêmes statuts et privilèges que le Maroc accorde à certaines nationalités qui vivent avec nous ici »

Arrivé en 2013 au Maroc, pour motif d’Etudes Universitaires, après l’obtention de son Baccalauréat en Côte d’Ivoire, le jeune ivoirien Jacques LOUA, aujourd’hui âgé de 29 ans, mène un combat au sein de l’Association des Etudiants Ivoiriens de Casablanca où il occupait dans un premier temps le poste de Chargé à la Mobilisation, et une année après, M. LOUA a été élu Président de l’Association des Etudiants Ivoiriens de Casablanca au Maroc de 2016 à 2019.

Dans une volonté acharnée de répondre aux préoccupations de toute cette communauté ivoirienne qui vit au Maroc, Jacques LOUA, depuis son poste de Président de la JCPIM, réalise des avancées palpables et concrètes qui sont constatées depuis son élection.

Dans cette interview que nous a accordé le Président Jacques LOUA, il nous parle de son installation au Maroc, des conditions de vie des ivoiriens au Maroc, de la Coopération maroco-ivoirienne et des doléances que souhaitent la communauté ivoirienne au Maroc.

 

A.E : Présentez-vous à nos lecteurs

Je suis Jacques LOUA, Président de l’Association des Jeunes Ivoiriens au Maroc (JCPIM). J’ai fait des études dans des Universités au Maroc ; où j’ai eu à faire 3 ans de Licence en Droit des Affaires, à l’Université Mundiapolis et 2 ans de Master en Gestion des Ressources Humaines à l’Université Toulouse Business School au Maroc.

 A.E : Comment s’est faite votre arrivée au Maroc ?

 Mon arrivée au Royaume du Maroc s’est faite comme la majorité des jeunes qui choisissent le Maroc comme destination pour des études universitaires juste après l’obtention de mon Baccalauréat en Côte d’Ivoire en 2013 après une réunion familiale il a été décidé de m’envoyer au Maroc pour mes études. Et une fois au Maroc, j’ai été confronté à des difficultés d’intégration car c’était ma première fois de sortir hors de mon pays ; sur le campus j’ai fait la connaissance de certains amis et camarades étudiants de plusieurs nationalités qui rencontraient également les mêmes difficultés d’intégration que moi, les difficultés étaient à majorité liée à la problématique de logement, et de communication avec nos frères marocains, car la langue officielle du pays est l’arabe.

A.E : Quels sont les difficultés rencontrées au cours de votre mandat à la tête de votre association ?

Les difficultés rencontrées pendant notre période d’intégration m’ont poussé à m’engager au sein de l’Association des Etudiants Ivoiriens de Casablanca ou j’occupais dans un premier temps le poste de Chargé à la Mobilisation, et une année après j’ai été élu Président de l’Association des Etudiants Ivoiriens de Casablanca au Maroc de 2016 à 2019. Au cours de mon mandat nous avons fait face à plusieurs difficultés, je vous en cite quelques-unes. Par moment nous étions confrontés à des cas d’étudiants qui éprouvaient des difficultés à faire face aux loyers et aux charges mensuelles en raison de l’insuffisance ou du retard de la bouse d’étude de l’état, ou des difficultés financière au niveau des familles en côte d’ivoire ; nous étions confrontés également à une catégorie d’Etudiants dont les parents avaient abandonné ; en clair les parents ne cherchaient plus à savoir exactement ce que fessaient leurs enfants, ces étudiants étaient livrés à eux même ils ne partaient plus à l’école par manque de concentration de suivi, d’excès de liberté et distraction ; nous avons eu à faire face à des cas de mauvaises orientations des étudiants qui parfois par manque d’information et de connaissance des établissements s’inscrivent dans des établissements non reconnus par l’état marocain et se retrouve après 3 ans ou 5 ans d’études avec diplôme non valide.

A.E : Vous êtes aujourd’hui à la tête de l’Association des jeunes ivoiriens au Maroc quel constat faites-vous de la situation réelle des jeunes ivoiriens du Maroc ?

Je vous remercie pour cette question avant d’y répondre il est important de placer le contexte de la mise en place de l’Association des Jeunes Ivoiriens du Maroc,  après l’obtention de mon diplôme nous avons remarqué le nombre grandissant de jour en jour de nos compatriotes au Maroc constitué majoritairement des jeunes venues chercher de l’emploi ou apprendre un métier. A cet effet, il nous a parus nécessaire de la mise en place de l’Association des jeunes afin de préserver les intérêts et défendre les droits des jeunes à travers des actions de promotions des compétences et talents des jeunes, en passant par l’accompagnement pour une meilleure insertion dans le tissu social Marocain. Aujourd’hui, grâce aux bonnes relations diplomatiques ainsi qu’à l’amitié et la fraternité entre le Maroc et la côte d’Ivoire, nous pouvons dire que la jeunesse ivoirienne du Maroc se maintient et se porte mieux.

A.E : À combien est estimé le nombre d’ivoiriens installés au Maroc et dans quel secteur d’activités ils sont représentés ?

Il n’existe pas un nombre fixe en tant que tel, car au bout d’un certain moment il y a certains de nos compatriotes qui font le choix de retourner en côte d’ivoire ou de changer de pays mais nous pouvons estimer à plus de 8000 ivoiriens sur toute l’étendue du territoire Marocain vivants au Maroc. Au niveau du secteur d’activité nos compatriotes exercent presque dans tous les secteurs d’activité au Maroc : on peut citer entre autres le secteur de la Restauration, le Commerce, le Transport de marchandise  l’Import-Export, l’Entrepreneuriat à travers la création des sociétés qui sont gérées par des ivoiriens eux même, le Télé-Conseil  et  la Télévente communément appelé les centres d’appels , dans l’Enseignement , dans le secteur Bancaire ainsi que le métier de Gouvernante de domicile dans des familles marocaines  couvert majoritairement  par des jeunes filles ivoiriennes .

A.E : Avez-vous l’appui du Gouvernement ivoirien, ainsi que de l’Ambassade de la Côte d’ivoire au Maroc ?

En réalité nous bénéficions d’un suivi et d’un appui de la part du Gouvernement ivoirien c’est l’occasion  pour moi d’ailleurs  de remercier le Président de la République SEM Alassane OUATTARA , le Ministre ivoirien des Affaires Etrangères et notre Ambassadeurs SEM Idrissa TRAORE qui pendant la période de confinement dû à la pandémie de la COVID-19, ont  affecté un vol spécial de rapatriement pour nos compatriotes malades ainsi que ceux qui  étaient bloqués ici au Maroc, un Fonds de soutien avait également été mis en place pour nos compatriotes en situation de détresse ; je peux vous dire avec fierté que notre Gouvernement accorde une importance particulière à notre diaspora.

A.E : Quels sont vos Projets à court et moyen termes ?

Au niveau du bureau de notre Association des jeunes, nous avons pour ambitions immédiates de créer des opportunités d’emploi pour nos compatriotes dans des secteurs d’activités à impact économique direct en claire, nous entamerons très bientôt la signature de plusieurs partenariats avec des Chefs et Propriétaires de Restaurants de la place, pour des formations qualifiantes dans la restauration et les prestations de services aux profits des jeunes ivoiriens du Maroc ; ce partenariat permettra à nos compatriotes d’apprendre un métier et d’avoir un emploi. Nous envisageons mettre en place une Agence Emploi Jeunes du Maroc, qui servira de liaison entre les employeurs et les demandeurs d’emploi ; cette Agence nous permettra également d’identifier les besoins et les attentes des jeunes que nous soumettrons à notre Ministère de tutelle en côte d’ivoire (Ministère de la jeunesse), en vue d’apporter des réponses aux attentes des jeunes. Nous allons mettre en place un Programme d’acculturation et d’initiation à l’Entrepreneuriat à travers l’accompagnement de nos Partenaires ayant pour cœur de métier l’Entrepreneuriat ; ce Programme permettra aux jeunes d’avoir des bases et des connaissances empiriques en Entrepreneuriat.

A.E : Le Maroc est un partenaire stratégique et fidèle de la Côte d’ivoire. Pour vous, qu’est-ce qui doit encore être menés afin d’intensifier cette coopération Maroco-ivoirienne ?

 La Coopération entre le Maroc et la Côte d’Ivoire est aujourd’hui à son point d’orgue au regard des nombreux investissements effectués par le Maroc en côte d’ivoire sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohamed VI (Que Dieu l’assiste), et la politique d’ouverture du Président Alassane OUATTARA. L’intensification de la Coopération doit se faire dans tous les secteurs notamment dans la promotion des échanges culturel, dans l’Artisanat et dans le partage des compétences de savoir-faire, la libération d’avantage du marché d’investissement marocain et l’accentuation pour l’accès aux prêts bancaires et crédit aux Opérateurs économiques Ivoiriens.

A.E : Parlez- nous des difficultés et doléances des ivoiriens au Maroc ?

Bon nombre de nos compatriotes se pose la question de savoir pourquoi malgré les bonnes relations existantes entre nos deux pays ils éprouvent des difficultés quant à la procédure de régularisation et d’obtention de la carte de séjours marocaine, qui d’ailleurs de jour en jour les conditions de son acquisition se durcit. Les ivoiriens du Maroc souhaitent avoir un allègement dans la procédure d’obtention de la carte de séjours, et bénéficier des mêmes statuts et privilège que le Maroc accorde à certaines nationalités qui vivent avec nous ici.

A.E :  Votre analyse sur l’immigration clandestine de nos jeunes africains ?

 Au Maroc nous assistons chaque jour malheureusement à des cas de noyade et de disparition en mer des candidats à l’immigration clandestine malgré les mesures que prennent les autorités maritimes marocaines pour sécuriser les côtes et nos nombreuses sensibilisations et tentative de dissuasion contre les candidats de ce chemin périlleux. Le phénomène perdure toujours, j’ai encore en mémoire la tragédie du 30 Août 2021, tragédie dans laquelle près de 80 personnes constituées des femmes, des bébés et des hommes issus des pays d’Afrique subsaharienne, ont péri sur les côtes maritimes de Boudjour, un village de pêcheur proche de l’Espagne suite à l’écoulement l’embarcation de fortune qui les transportait. Comme toujours, à chaque fois que nous avons l’occasion de nous exprimer sur ce sujet nous faisons des propositions concrètes afin de pouvoir réduire le nombre de candidats ; dans le cas espèce du Maroc ces personnes qui s’adonnent à cette aventure travaille ici, ils économisent de l’argent pendant un bon moment et un jour ils disparaissent ; on les retrouve quelque temps après au bord de la mer. Voyez-vous comment c’est triste ; je pense qu’il faut une véritable sensibilisation de proximité depuis la source ; faire de l’initiation, l’éveil d’esprit et l’acculturation de la jeunesse à l’Entrepreneuriat un véritable levier de lutte contre ce phénomène. Ensuite, mettre en place des Projets de Microfinances objectives, solides et équilibrés, pour les jeunes ; l’accompagnement et le coaching des porteurs de Projets et des Entrepreneurs afin qu’ils ne puissent pas s’égarer ; donner une chance d’insertion ou créer des opportunités d’intégration à cette frange de jeunes qui n’a pas eu pour des raisons ou d’une autre la chance d’aller à l’école ne doivent pas se sentir exclure ou mis à l’écart de notre société, et enfin créer un cadre d’expression et d’écoute pour la jeunesse afin que celle-ci s’exprime sur son avenir et ses ambitions.

A.E : Votre mot de fin à nos lecteurs

Je tenais à remercier infiniment le site www.afriqueeconomie.net d’avoir permis ce moment d’échanges qui permet de mettre en lumière certaine réalité. Je voudrais remercier de tout cœur Sa Majesté le Roi Mohammed VI (Que Dieu le Glorifie), de nous avoir accepté au Maroc et aux peuples marocains pour l’hospitalité.

 

 

 

Interview réalisée par Nadège Koffi

 


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