Tatou DEMBELE « Les femmes ont un rôle central dans le développement du continent pour la simple raison qu’elles sont le cœur battant du continent. Nous sommes tous, je veux bien l’espérer, dotés de suffisamment de bienveillance pour se laisser, autant en tant qu’homme que femme, la latitude de se réaliser l’un, l’autre, sans se marcher sur les pieds»

Tatou DEMBELE « Les femmes ont un rôle central dans le développement du continent pour la simple raison qu’elles sont le cœur battant du continent. Nous sommes tous, je veux bien l’espérer, dotés de suffisamment de bienveillance pour se laisser, autant en tant qu’homme que femme, la latitude de se réaliser l’un, l’autre, sans se marcher sur les pieds»

A quelques jours de la Journée internationale des Droits de la Femme (08 mars 2020), nous sommes allés à la rencontre de Tatou DEMBELE, cette jeune ivoirienne de 27 ans passionnée de cuisine et d’art, à la tête d’une agence de Content Marketing baptisée « IvorianFood » située à la Riviera Palmeraie à Abidjan (Côte d’Ivoire-Afrique de l’Ouest) qui fait la promotion de la culture culinaire ivoirienne. Avec son application mobile qui est téléchargée plus de 50.000 fois ; sur Twitter et Youtube, c’est plus de 10.000 personnes qui suivent IvorianFood et un blog qui reçoit plus de 70.000 visiteurs uniques mensuellement, la jeune ivoirienne a débuté son Projet sans appui financier extérieur, mais aujourd’hui n’envie pas les grosses Entreprises dans le Secteur Privé.

Dans une interview accordée au site www.afriqueeconomie.net , elle donne sa position quant à l’Entrepreneuriat qui pour elle ne doit pas faire l’amalgame entre opportunisme et entreprenariat. Expliquant également le rôle de la Femme citadine au sein d’une société, qui se veut compétitive sur le plan international, ont un rôle central dans le développement du continent pour la simple raison qu’elles sont le cœur battant du continent.

 

A.E : Présentez-vous à nos lecteurs

Je suis Mademoiselle Tatou DEMBELE, 27 ans, passionnée de cuisine et d’art, à la tête de mon agence de Content Marketing IvorianFood. IvorianFood est une Agence de création de contenus pour les marques mais aussi ce blog de référence qui fait la promotion de la culture culinaire ivoirienne. Nous traitons de tous les sujets sur l’environnement culinaire ivoirien.

             

 A.E : Quelle est votre formation de base ?

J’ai complété mes études à l’extérieur de mon pays natal. J’ai une maîtrise en Gestion des Entreprises et une maîtrise en Marketing. Je me spécialise en Marketing Digital.

A.E : Comment vous êtes venus le Projet de vous lancer dans ce Projet ?

Comme l’avait si bien dit feu le président Houphouët-Boigny, « le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu ! » C’est loin de chez moi que je me suis rendu compte que ce qu’on prend trop souvent pour acquis à une importance incroyable. C’est avec ce sentiment que j’ai créée en 2008 la page Facebook Ivorian Food. J’y mettais des images trouvées çà et là de cuisine ivoirienne, des recettes, puis avec le temps, j’ai vraiment pris goût à l’exercice que j’ai voulu professionnaliser, vu l’engouement que cela a suscité sur les réseaux sociaux. C’est au fil du temps et de mes études que j’ai appris à mûrir le Projet d’entreprise qui me tenait à cœur depuis le début de mes années universitaires.

  

A.E : Quelles ont été les difficultés rencontrées à l’entame du Projet ?

Lorsque je lançais la page facebook en 2008, je n’étais pas en Côte d’Ivoire, ce, jusqu’en 2017. Le cœur de mon travail c’est le contenu authentique et je n’en avais pas autant que je le souhaitais. Voilà une difficulté que j’ai dû surmonter dès le début.

A.E : Avez-vous reçu un financement pour lancer votre Projet ?

Je n’ai jamais reçu de financement pour mon Projet, qui est aujourd’hui une Entreprise bien portante avec beaucoup de beaux challenges à venir. Je ne suis d’ailleurs pas très fan des financements externes. Je pense qu’il faut toujours apprendre à faire au mieux avec ce qu’on a.

A.E : Combien d’employés compte l’Entreprise à ce jour ?

Nous sommes aujourd’hui huit à travailler à temps plein pour la plateforme, l’Agence.

A.E : Quels sont les services que vous proposez ?

Concrètement, nous sommes une agence de Content Marketing. “Content is King”. En plus d’être un leader du digital, un “Influenceur Food”, nous sommes une bande de jeunes gens professionnels et hyper dynamiques.

   

A.E : Quel est le chiffre d’affaire annuel pour l’année 2019 ? Et quel a été le coût pour lancer le Projet ?

Voilà des informations que je ne partagerai jamais (Rire) pour la simple raison que ce ne sont pas les chiffres qui sont important ici. Ce qui est important, c’est bien la volonté et la passion. Lorsque j’ai vendu mon tout premier contenu à une marque, j’habitais encore la maison de mes parents, j’avais un appareil photo (tout ce qu’il y a de plus basique) et j’occupais un tout petit espace de la maison. A force de persévérance, d’amélioration, le portefeuille client est plus important aujourd’hui et l’audience en redemande.

 A.E : A combien est estimé le nombre d’adeptes qui vous suivent sur votre application ?

Sur Facebook et Instagram seulement, nous comptons plus de 270.000 personnes qui suivent nos activités et qui sont fortement engagées. Notre application mobile est téléchargée plus de 50.000 fois. Sur Twitter et Youtube, c’est plus de 10.000 personnes qui suivent IvorianFood. Enfin, le blog reçoit plus de 70.000 visiteurs uniques mensuellement.

A.E : Quels sont les Projets à court et moyen termes ?

Chez IvorianFood, nous avons beaucoup de Projets. Les membres de l’équipe sont des grands créatifs dans l’âme. Seulement, dans ce domaine en particulier, il est courant de ne rien révéler sur ce que l’on prépare. Nous aimons surprendre notre audience et c’est toujours plus intéressant ainsi !

A.E : Avez-vous eu des Prix depuis que vous vous êtes lancés dans votre Projet ? Si oui, lesquels ?

En 2016, j’ai été nominé jeune entrepreneur de l’année puis finaliste par le Réseau des Entrepreneurs et Professionnels Africain à Montréal au Canada. En 2017, IvorianFood remporte le Jumia Travel Award dans la catégorie Meilleur Blog faisant la promotion de la destination Côte d’Ivoire. En 2018, IvorianFood remporte l’Adicom Award, dans la catégorie meilleure influenceur Food de l’année.

A.E : Que pensez-vous de l’Entrepreneuriat en Afrique ?

D’une part, l’Entrepreneuriat peut être un levier de réponses et d’actions important pour les questions d’emplois notamment dans les secteurs très innovants. D’une autre part, l’Entrepreneuriat semble être pour beaucoup de jeunes une solution miracle, facile et rapide pour soit disant battre le chômage et se réaliser. Seulement, très peu de personnes sont  réellement armées pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Très peu ont des solutions, services ou produits pertinents et suffisamment bien pensés pour affronter le marché. Enfin, nombreux sont ceux qui se plaignent dès les débuts de leurs activités du peu de soutien financier externe. Je pense qu’il ne faut pas faire l’amalgame entre opportunisme et entreprenariat.

A.E : Que pensez-vous de l’Environnement des Affaires en Côte d’Ivoire ?

Je pense en toute sincérité que la Côte d’Ivoire est un pôle très attractif « for Doing Business ». Le pays a entrepris un certain nombre de réformes qui ont facilité l’investissement privé de bon nombre de grosses Entreprises. Pour survivre dans un tel environnement, il faut savoir se réinventer au quotidien, entendez par là qu’il faut rester innovant, il faut savoir s’exporter et il faut rester compétitif en capital.

A.E : Pour vous quel est le Secteur d’Activité qui est facilement rentable et facile à exercer sur le continent africain ?

Je ne saurais répondre à cette question. Je ne pense pas avoir en mains tous les outils me permettant d’être exhaustive dans ma réponse. Cela-dit je comprends qu’il y a la facilité, mais il y a surtout la nécessité. La nécessité en Afrique est l’autosuffisance dans tous les domaines, bien que nous soyons dans un monde d’interdépendance. Toutes les actions allant dans le sens de l’autosuffisance sont à soutenir. Je parle ici des industries lourdes et légères. Je parle de la fortification des chaînes de valeurs de chacune de ses industries. On se rend compte qu’au final, rien n’est facile, tant qu’il y a de la concurrence.

A.E : Quel conseil pouvez-vous donner à ces Femmes africaines qui se sont lancées dans l’Entrepreneuriat et qui doivent allier leur place de Femmes au foyer ?

Il n’y a rien d’incompatible entre Entrepreneuriat et rôle traditionnel de la femme. J’ai grandi dans une famille ou les femmes sont toutes en activité (autant en tant que salariées et entrepreneures). Il suffit d’être organisé, compréhensif et d’avoir beaucoup de maturité pour faire prospérer les Projets professionnels, comme les Projets familiaux. Enfin, la société change. Les femmes d’aujourd’hui ne sont pas celles d’il y a 50 ans; les hommes non plus. Nous sommes tous, je veux bien l’espérer, dotés de suffisamment de bienveillance pour se laisser, autant en tant qu’homme que femme, la latitude de se réaliser l’un, l’autre, sans se marcher sur les pieds.

A.E : Quelle est la place de la Femme africaine dans le développement du continent africain ?

J’aime à dire « Femme éduquée et protégée, monde en meilleure santé ». En Afrique, bon nombre de femmes et de jeunes filles sont les premières victimes de l’arrêt de la scolarisation, des violences basées sur le genre, des inégalités dans le mariage parce que le mariage leur offre une « stabilité sociale », économique et que lorsqu’elles sont veuves, elles deviennent socialement et économiquement fragiles, etc. Pourtant, c’est bien par ces femmes que passent, au-delà de la fonction reproductrice de celles-ci, l’éducation première des enfants. L’éducation est le fondement d’une société en santé et l’instruction fait de cette société un ensemble qui tend à s’améliorer. Les femmes citadines sont aujourd’hui de plus en plus éduquées et dynamiques. Au-delà des fonctions traditionnelles qu’elles veulent bien continuer d’occuper, elles embrassent comme les hommes le monde du travail et s’en retrouvent valables. Comment est-ce qu’une société qui se veut compétitive sur le plan international peut-elle accepter de marginaliser potentiellement 50% de sa force de travail ? Les femmes ont un rôle central dans le développement du continent pour la simple raison qu’elles sont le cœur battant du continent.

A.E : Votre mot de fin à nos lecteurs

Il y a autant de femmes que d’hommes entrepreneurs en Afrique, peu importe les portefeuilles de ceux-ci. Les femmes restent encore peu exposées, ou plutôt, peu mises en lumière puisque elles-mêmes sont souvent tiraillées entre ce que la société veut d’elles et leurs propres aspirations. Les jeunes femmes entrepreneurs cependant n’hésitent pas. Les outils mis à notre disposition sont puissants et nous savons les utiliser convenablement, en tirer profit. Ce qui me motive, c’est de savoir que je ne suis pas la seule à me battre, à faire entendre ma voix, à jouer mon rôle d’acteur économique et à changer les choses à mon humble niveau. Merci au site www.afriqueconomie.net qui me donne l’opportunité de parler de mon Projet qui pour moi est la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma vie et pourrait inspirer d’autres Jeunes à se lancer dans l’Entrepreneuriat pour leur épanouissement social.

Interview réalisée par Nadège Koffi 

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