Elfried DIDEHIA, DG de Djamo Finances SA : « Nous ne cherchons pas à remplacer les banques, mais à répondre à un besoin différent en travaillant de concert avec elles »

Elfried DIDEHIA, DG de Djamo Finances SA : « Nous ne cherchons pas à remplacer les banques, mais à répondre à un besoin différent en travaillant de concert avec elles »

Banquier de formation, avec plus de vingt ans d’expérience dans la microfinance, la gestion des risques et la direction d’Institutions financières en Afrique et en Europe, Elfried DIDEHIA, est celui qui prend la Direction Générale de Djamo Finances SA, la Fintech ivoirienne Djamo qui a franchi une nouvelle étape clé, en ayant l’agrément en qualité de microfinances en Côte d’Ivoire, par le Ministère des Finances et du Budget, sous la supervision de la BCEAO. La présentation de ses nouvelles responsabilités a été faite le jeudi 11 septembre 2025 au Casino Barrière L’Eléphant d’Or de l’Hôtel Ivoire d’Abidjan (Cocody-Afrique de l’Ouest), en présence des Responsables de Djamo, Hassan BOURGI, Co-Fondateur et CEO de Djamo et de Régis BAMBA, Co-Fondateur et Chef de Produit de Djamo.

Dans une interview que nous a accordé le DG de Djamo Finances SA, Elfried DIDEHIA, il nous donne la vision qui a guidé la création de Djamo Finances SA, les services offerts par sa structure, ainsi que l’impact concret de Djamo sur l’économie ivoirienne et sur la vie quotidienne des utilisateurs.

A.E : Présentez-vous à nos lecteurs

Je suis Elfried DIDEHIA, Directeur Général de Djamo Finances SA. Je suis banquier de formation, avec plus de vingt ans d’expérience dans la microfinance, la gestion des risques et la direction d’Institutions financières en Afrique et en Europe. J’ai rejoint Djamo pour piloter cette nouvelle étape : faire évoluer une fintech pionnière vers une institution financière régulée, solide et proche des réalités locales.

A.E : Pouvez-vous nous rappeler la genèse de Djamo Finances et la vision qui a guidé sa création ?

Djamo est née d’une frustration simple : dans notre région, ouvrir un compte ou accéder à des services financiers de base peut parfois être un parcours du combattant. Nos fondateurs, Hassan BOURGI et Régis BAMBA, ont voulu changer cette réalité en créant une Institution financière digitale pensée pour les natifs du digital. Avec Djamo Finances, nous franchissons une nouvelle étape : proposer une offre régulée et sécurisée, qui va au-delà de la carte et de l’appli, pour donner à chacun plus de liberté et de contrôle sur son argent.

A.E : Quelle est l’ambition derrière Djamo Finances : révolutionner la banque traditionnelle ou compléter son offre ?

Nous ne cherchons pas à remplacer les banques, mais à répondre à un besoin différent en travaillant de concert avec elles. De nombreuses personnes restent exclues des circuits financiers classiques ou trouvent les services trop complexes. C’est pourquoi notre ambition est de compléter l’écosystème avec une alternative digitale, simple et accessible, mais tout aussi sécurisée et rigoureuse qu’une institution traditionnelle.

A.E : Quels sont les services phares qui différencient Djamo Finances des autres acteurs de la fintech sur le plan national et régional ?

Trois services changent réellement la donne :

  • Le compte courant sans plafond et sans frais, pour recevoir salaires et paiements clients sans restriction.
  • Les comptes d’épargne rémunérés, avec des taux allant jusqu’à 6 %, de sorte à faire fructifier de façon plus conséquente les excédents de trésorerie.
  • Le crédit simple et digitalisé, pour particuliers et micro-entrepreneurs, accessible directement depuis l’application, sous réserve d’éligibilité. Tout cela est intégré dans une expérience fluide et 100 % mobile.

A.E : Quelles sont vos priorités pour les trois prochaines années ? Expansion géographique, innovation produit, partenariats

Suite au lancement de Djamo Finances, notre priorité sera de déployer progressivement nos nouvelles offres à l’ensemble de nos clients et d’établir Djamo Finances comme un pionnier et un acteur incontournable de la finance digitale. Ensuite, continuer à innover sur nos produits, notamment en enrichissant notre offre pour répondre à l’ensemble des besoins financiers de nos clients.

A.E : Selon vous, quels sont les principaux freins à l’inclusion financière en Afrique de l’Ouest et comment Djamo y répond ?

Les freins sont connus : procédures, coûts élevés (y compris le risque de crédit), parfois peu de transparence et de confiance. Djamo y répond par une expérience digitale intuitive, des tarifs transparents, et une réglementation qui garantit la sécurité des dépôts, et surtout une expertise poussée en gestion des risques. En d’autres termes, nous combinons la simplicité d’une appli et la rigueur d’une institution régulée.

A.E : La digitalisation accélérée après la pandémie a-t-elle changé la manière dont les ivoiriens utilisent vos services ?

Effectivement, la pandémie a profondément changé les habitudes et accéléré la digitalisation des usages financiers. Pour Djamo, qui a été lancée juste après, cela a créé un contexte favorable : les populations étaient déjà plus ouvertes à gérer leur argent depuis leur téléphone et à chercher des alternatives aux solutions traditionnelles. Nous avons donc bénéficié de cette évolution des comportements, ce qui nous a permis d’avoir une adoption rapide de nos services dès notre lancement.

A.E : Comment Djamo intègre-t-il des innovations comme l’Intelligence Artificielle (IA), la Data ou les paiements instantanés ?

La data est au cœur de notre modèle : elle nous permet de mieux comprendre les comportements financiers et d’adapter nos services en conséquence. Nous explorons l’IA pour personnaliser l’expérience client, anticiper les besoins et gérer les risques d’impayés.

A.E : Comment se passe la collaboration avec les banques traditionnelles et les régulateurs dans votre secteur ?

Très bien, et c’est essentiel. Djamo Finances est agréé en tant que microfinance par le Ministère des Finances et le Budget, sous la supervision de la BCEAO. Cela nous impose des standards de gouvernance élevés, mais c’est une force : nos utilisateurs savent que leur argent est sécurisé et que nous travaillons avec les différentes parties prenantes en ce sens.

A.E : Quel est l’impact concret de Djamo sur l’économie ivoirienne et sur la vie quotidienne des utilisateurs ?

Concrètement, nous avons déjà permis à plus d’un million de personnes d’accéder à une carte Visa et à des services financiers modernes. Cela favorise l’inclusion, facilite les paiements, transferts, le suivi et la gestion de l’argent également. Chaque transaction faite sur Djamo est un pas de plus vers une économie plus digitalisée et inclusive. D’autre part, et en à peine un an, nous avons permis à près de 25.000 personnes d’accéder aux investissements à la BRVM. Et ce, en moins de 18 mois.

A.E : Avez-vous des initiatives en matière d’éducation financière, notamment pour les jeunes et les femmes ?

Oui, c’est un axe essentiel pour nous. Nous savons que les jeunes constituent une grande partie de notre base d’utilisateurs et il est important de les accompagner dans l’acquisition de bons réflexes financiers dès maintenant. C’est pourquoi nous intégrons des contenus pédagogiques dans l’application et sur nos canaux digitaux, afin de les aider à mieux comprendre et gérer leur argent. Nous avons par exemple développé un outil de budgétisation directement dans l’appli, qui leur permet de planifier leurs dépenses, de suivre leur évolution et d’ajuster leur comportement financier au quotidien. D’autres part, nous avons développé une série de plusieurs capsules vidéo sur le thème de l’épargne et de l’investissement. Certaines de ces capsules ont été visionnées près de 2 millions de fois.

A.E : Quels sont, selon vous, les prochains grands défis et opportunités de la fintech africaine ?

Le grand défi, c’est l’adoption de masse : comment rendre ces services accessibles à encore plus de personnes, dans des zones rurales et à faibles revenus. L’opportunité, c’est de bâtir des super-apps financières capables de rivaliser avec les standards internationaux, tout en répondant aux réalités locales.

A.E : Quel message souhaitez-vous adresser à vos clients actuels et futurs, ainsi qu’aux décideurs économiques ?

À nos clients : merci pour votre confiance, vous êtes la raison d’être de Djamo. Continuez à nous inspirer, à nous faire vos retours et nous continuerons à bâtir des services utiles pour votre quotidien. Aux décideurs économiques : la fintech est une chance pour accélérer l’inclusion et la croissance. Ensemble, nous pouvons bâtir un écosystème solide, où innovation et régulation avancent main dans la main.

Interview réalisée par Nadège Koffi

Laisser un commentaire

You May Have Missed

HTML Snippets Powered By : XYZScripts.com