Lancement du Rapport de la Banque mondiale « Parcours vers la prospérité pour les adolescentes en Afrique » : Une feuille de route proposée par la Banque mondiale à la Côte d’Ivoire qui invite à investir dans l’autonomisation des adolescentes
L’Afrique abrite actuellement 145 millions d’adolescentes, un chiffre qui devrait atteindre près d’un tiers des adolescentes dans le monde d’ici 2050. Avec près de la moitié de sa population âgée de moins de 25 ans, la Côte d’Ivoire est au cœur de ce défi démographique ; c’est la raison qui a poussé la Banque mondiale à faire des propositions aux Etats africains.
Pour présenter le Rapport intitulé : « Parcours vers la prospérité pour les adolescentes en Côte d’Ivoire », une cérémonie de lancement a été organisée par la Banque Mondiale, en collaboration avec le Gouvernement ivoirien, le Population Council et le Center for Global Development (CGD), le mardi 10 juin 2025 au Pullman Hôtel au Plateau (Abidjan-Côte d’Ivoire), en présence de la Directrice de Division de la Banque mondiale, Mme Marie-Chantal UWANYILIGIRA, du Représentant de la Ministre ivoirienne de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, ainsi que de la Ministre ivoirienne de la Cohésion nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté, Myss Belmonde DOGO.
Selon la Directrice de Division de la Banque mondiale, Mme Marie-Chantal UWANYILIGIRA, il est important d’investir dans les Jeunes filles car c’est un gain économique. « Ce rapport permet de savoir ce qu’il faut faire pour donner de la chance à ces jeunes filles. Les filles ne sont pas un poids ; je fais un appel à tout un chacun, pour la scolarisation des jeunes filles », a déclaré Mme Marie-Chantal UWANYILIGIRA.
Le Représentant du Ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, a au nom de la Ministre Nasséba TOURE, pris l’engagement de son Ministère, à travailler à l’élaboration d’un Plan d’accélération national partagé avec l’ensemble des Partenaires, pour maximiser l’impact de leurs interventions auprès des adolescentes ivoiriennes. Indiquant que chaque dollar investi peut générer jusqu’à 10 dollars de bénéfices pour les économies ; c’est pourquoi le Gouvernement ivoirien pour relever les défis a mis en place de nombreux Programmes innovants et ciblés afin de soutenir l’autonomisation des jeunes filles, entre autres le « Programme Girl Power », mis en œuvre en partenariat avec l’UNICEF ; le Programme SWEED ; le Programme « Une Fille qui Apprend, une Fille qui Gagne » mené avec l’appui de la Banque mondiale, etc.
En effet, ce rapport représente une feuille de route stratégique pour les gouvernements africains, y compris celui de la Côte d’Ivoire, afin de maximiser le dividende démographique et de bâtir une prospérité partagée en investissant dans l’autonomisation des adolescentes.
Par ailleurs, le Rapport « Parcours vers la prospérité pour les adolescentes en Côte d’Ivoire », présenté par Léa ROUANET, Economiste Senior/ Directrice Adjointe GIL et Karine KOUACOU, Economiste, GIL, montre que la Côte d’Ivoire se trouve à un moment critique dans le parcours des adolescentes vers la prospérité. Avec des écarts importants entre les sexes en matière de participation économique, et des disparités dans l’accès à l’éducation marquées entre les districts, les niveaux de richesse ainsi que les zones rurales et urbaines.
L’on cite au niveau des indicateurs clés de développement, selon les annuaires statistiques officiels 2023-2024, le taux net de scolarisation des filles dans le secondaire est de 60,2% dans le premier cycle (12-15 ans) et de 24,5% dans le second cycle (16-18 ans) ; 27,1 % des adolescentes travaillent (4,8 % combinent l’école et le travail, 22,3 % travaillent exclusivement), un taux supérieur à la moyenne africaine de 22,3 %.
Concernant les disparités géographiques, les districts du Woroba (56,6 %) et du Zanzan (54,9 %) affichent une prévalence alarmante de la vulnérabilité chez les adolescentes. D’autres districts de l’Ouest comme Denguele (47,8%), Montagnes (41,5%), et Sassandra-Marahoué (41,3%) présentent également des niveaux significatifs.
Concernant les disparités selon le sexe, les taux nets de scolarisation dans le secondaire sont proches pour les filles et les garçons (60,2% vs 60,4% dans le premier cycle ; 24,5% vs 25,7% dans le second cycle). Cependant, les adolescentes (15-19 ans) sont presque deux fois moins susceptibles de combiner école et travail (4,8 % contre 10,8 % pour les garçons) et plus de deux fois plus susceptibles de ne pas être scolarisées et de ne pas travailler (25,5 % contre 8,4 % pour les garçons, selon l’EDS 2021).
Trois priorités clés, notamment améliorer l’accès des filles à l’enseignement secondaire ; faciliter l’accès aux moyens de production et aux opportunités économiques, ainsi que renforcer la mise en œuvre des cadres juridiques existants.
Pour réussir, il faut une action coordonnée entre les secteurs, avec des interventions adaptées aux contextes spécifiques des districts et une attention particulière aux populations les plus vulnérables.
La cérémonie de lancement a été marquée par un panel animé par une personne du Gouvernement, une personne de la société civile et une personne de la Banque mondiale.
Notons qu’investir dans l’autonomisation des adolescentes en Côte d’Ivoire pourrait avoir des retombées substantielles grâce à une augmentation de la productivité, de l’innovation et de la croissance économique. À l’échelle du continent, le rapport « Parcours vers la prospérité pour les adolescentes en Afrique » estime que des investissements similaires dans toute l’Afrique pourraient générer plus de 2.400 milliards de dollars de revenus supplémentaires pour un coût d’environ 200 milliards de dollars.
Rappelons que le Rapport a été élaboré par une équipe composée de Nelsy AFFOUM, Kehinde AJAYI, Federica FRANCERI, Karine KOUACOU, Estelle KOUSSOUBE, Clémence Pougué BIYONG et Léa ROUANET. Il est le fruit d’une collaboration étroite entre la Banque Mondiale, le Population Council et le Center for Global Development. Il s’appuie sur des données probantes et des consultations approfondies pour proposer des recommandations concrètes visant à améliorer l’accès des adolescentes à l’Education (réduire le décrochage scolaire et favoriser la persévérance) ; la Santé (santé reproductive, pour garantir le bien-être et l’autonomie des adolescentes) et des opportunités économiques (pour faciliter leur inclusion sur le marché du travail et leur autonomisation financière).
Nadège Koffi
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