Environ une quinzaine de structures privées et publiques, des Organisations de la Société Civile (OSC) et les Organisations d’Agriculteurs ont bénéficié le mardi 30 juillet 2024 au Capitol Hôtel de la Riviera-Golf (Abidjan-Côte d’Ivoire) d’une présentation de l’enquête réalisée par la Fondation TrustAfrica (TA) et Solidaridad West Africa (SWA) sur la fixation des Prix du cacao en Côte d’Ivoire.
C’est au cours d’un Atelier dirigé par la Représentante de Trust Africa depuis le siège, Mlle Rachel GYABAAH, du Responsable Program Trust Africa à Abidjan, Léon LOUKOU, du Consultant de l’enquête, Dr Albert ARHIN, KNUST Ghana et d’un Responsable du Conseil Cacao Café (CCC), M. GBONGUE Mamadou, que les participants venus des villes de la Côte d’Ivoire ont appris la manière dont est fixé le Prix du cacao.
Selon Mlle GYABAAH, le secteur du cacao joue un rôle important dans les économies de la Côte d’Ivoire, du Ghana et de la Sierra Leone, contribuant à l’emploi, aux recettes en devises et au développement rural. Cependant, les producteurs de cacao sont confrontés à un certain nombre de défis, notamment le manque d’intrants agricoles et la faiblesse des prix à la production. « L’étude commanditée par TrustAfrica a analysé les processus et mécanismes de fixation des prix du cacao en Côte d’Ivoire, au Ghana et en Sierra Leone, en mettant en évidence la structure de commercialisation du cacao et le processus de fixation des prix, les déterminants clés et le degré d’implication des agriculteurs et des OSC, en estimant le coût de production pour les Agriculteurs et en analysant la mesure dans laquelle ce coût est pris en compte dans le processus de fixation des prix », a déclaré la Responsable de Trust Africa. Indiquant que les résultats attendus de ce dialogue sont notamment la connaissance renforcée des participants sur les mécanismes de fixation des prix du cacao et les coûts de production du cacao dans les trois pays (Côte d’Ivoire, Ghana et Sierra Leone) ; une note d’orientation avec des recommandations annoncées officiellement ; les résultats de l’étude comparative et un rapport d’atelier décrivant les engagements des parties prenantes en matière de plaidoyer.
En effet, la méthodologie de l’Enquête comprenait une Analyse documentaire des recherches existantes, des documents politiques et des rapports de l’Industrie ; une Enquête structurée auprès de 485 cacaoculteurs en Côte d’Ivoire ; des entretiens qualitatifs avec des agences de régulation, des OSC, des Sociétés cacaoyères et des Agriculteurs.
Le Consultant, Dr ARHIN, a révélé que le Conseil du Cacao-Café (CCC) Organisation de régularisation créé en 2011, supervise le secteur, gère, réglemente et stabilise les Prix du cacao par le biais de ventes aux enchères, avec au moins la moitié de la récolte prévue vendue aux Exportateurs.
Par ailleurs, la commercialisation interne du cacao se fait par les Exportateurs agréés, qui s’approvisionnent en fèves de cacao, principalement par l’intermédiaire des Pisteurs, des Coopératives et des Traitants.
Au niveau de l’Exportation et du Marketing externe, le CCC attribue les licences d’exportation et développe une structure de coûts appelée « barème ». Le CCC a le rôle de fixer les Prix pour chaque kilo de cacao, contrôlant la dynamique du marché. « Le Prix est basé sur le coût moyen de la vente des contrats précoces, le Gouvernement, veillant à ce que les Agriculteurs reçoivent au moins 60% du prix CAF », explique le Consultant.
Des défis et contraintes du mécanisme actuel de fixation des Prix du cacao ont été cités, entre autres l’attention limitée aux coûts de production (ils ne couvrent pas suffisamment les coûts de production, ce qui entraîne une rentabilité insuffisante et perpétue la pauvreté) ; la part inéquitable des Prix du marché mondial du cacao (en 2023, les Producteurs de Côte d’Ivoire et de Sierra Leone ont reçu respectivement 34,9% et 41,9%) ; la transparence et la participation des Agriculteurs limitées, etc.
Tous unanimes que des stratégies doivent être menées afin de meilleurs conditions des Producteurs ; allant de la réforme et de l’harmonisation des politiques de fixation des Prix ; l’amélioration des Mécanismes de tarification ; le renforcement de la participation des Organisations de Producteurs et de la Société Civile ; l’investissement dans le développement communautaire ; améliorer l’efficacité des services de Soutien ; renforcer la transformation locale ; élaborer une Communication, du lobbying, etc. « Nous appelons les gouvernements de la Côte d’Ivoire, du Ghana et de la Sierra Leone, ainsi que les partenaires internationaux, à prendre des mesures immédiates pour remédier aux disparités et aux défis identifiés. Ensemble, à travers un dialogue constructif, nous pouvons construire un avenir plus équitable et durable pour tous les acteurs de la chaîne de valeur du cacao », interpelle les participants.
Notons que l’Afrique de l’Ouest produit au moins 60% du cacao mondial, la Côte d’Ivoire, le Ghana et la Sierra Leone sont les principaux contributeurs. Le cacao est le moteur de l’emploi, des recettes en devises et du développement rural dans ces pays ; malgré son importance économique, de nombreux cultivateurs de cacao vivent dans une extrême pauvreté, ce qui souligne la nécessité de réformes pour s’aligner sur les Objectifs de Développement Durable (ODD).
Nadège Koffi