La révolution du Mobile Money en Afrique

La révolution du Mobile Money en Afrique

En Afrique, l’accès au financement est un prérequis essentiel au développement des économies, permettant ainsi à une part croissante des ménages et des PME, d’accéder à une large palette de services financiers.

Pourtant, bien que la crise de la COVID-19 ait renforcé la nécessité d’une plus grande inclusion financière et bancaire, notamment Numérique, celle-ci reste un défi majeur pour l’ensemble des économies du continent.

Dans ce contexte, les services de Mobile Money (e-paiement) sont venus combler ce manque, les innovations technologiques cherchant à répondre aux besoins identifiés et aux demandes des populations africaines. Résultant d’un partenariat entre les Banques et les opérateurs, et étant de plus en plus le fruit de fintechs, le Mobile Money permet à tout un chacun ne disposant pas de compte bancaire de se créer un compte de monnaie électronique.

Fort de son taux élevé de pénétration du téléphone portable, les services de paiement mobile n’ont cessé de croître en Afrique, se présentant dès lors comme une alternative à la monnaie fiduciaire. Le continent africain s’affirme ainsi de plus en plus comme le leader du Mobile Money, les chiffres connaissant une constante augmentation d’une année sur l’autre. Dans ce contexte, le paiement mobile amorce sa révolution dans un continent qui emprunte chaque jour davantage la voie de l’Industrie 4.0.

Accélérer la démocratisation du Mobile Money en Afrique ; un enjeu de développement pour les économies africaines

En 2005, les Nations Unies introduisaient le « système financier inclusif » (IFS), celui-ci ayant pour objectif de rendre les services financiers accessibles à tous, tout particulièrement à ceux qui ont des difficultés à avoir accès au système financier traditionnel. L’enquête Global Findex 2021 révélait que quelques 1,4 milliards de personnes dans le monde n’étaient à l’heure actuelle toujours pas bancarisées. Le taux de bancarisation demeure particulièrement faible en Afrique, malgré des disparités selon les régions, 57% de la population n’ayant toujours pas recours aux services bancaires traditionnels en 2021.

Ce manque a été comblé ces dernières années par le développement de solutions de e-paiement, permettant alors aux personnes n’ayant pas accès aux opérations des banques et établissements financiers de réaliser des transactions bancaires.

En effet, forte de ce développement fulgurant, l’Afrique hébergeait en 2021 plus de la moitié des comptes de mobile money actifs dans le monde, selon le rapport « State of the Industry Report on Mobile Money 2022 » de l’Association Mondiale des Opérateurs de Téléphonie (GSMA). Véritable success story, le Mobile Money connaît une croissance exponentielle : de 161 millions d’abonnés en 2020, on en décomptait 184 millions en 2021.

Par ailleurs,le succès du Mobile Money peut s’expliquer par la conjugaison de plusieurs facteurs. Si sa popularisation cherche tout d’abord à répondre à la faible bancarisation des populations, la démocratisation et pénétration signifiante de la téléphonie mobile en est l’une des principales raisons. Cette croissance s’explique également par le fait que « les banques ont réalisé que, sans la technologie, elles ne pouvaient pas suffisamment déployer leurs services dans ces pays. C’est beaucoup trop coûteux. Du coup, elles travaillent désormais avec des fournisseurs de services informatiques pour proposer des solutions visant à accroître la bancarisation des populations », selon Yves EONNET, PDG et Co-Fondateur de TagPay.

Ainsi, avec plus de 50% de la population adulte disposant d’un compte d’argent mobile, l’Afrique subsaharienne représentait un peu plus de la moitié des comptes actifs en paiement mobile dans le monde en 2021. Sur le continent de manière générale, le marché du Mobile Money n’a cessé de croître, le montant des transactions ayant progressé de 39% pour atteindre les 700 milliards de dollars.

Parmi les acteurs de ce bouleversement, les opérateurs télécoms tels que Safaricom et sa plateforme de paiement mobile M-Pesa, mais également les fintech ou encore les équipementiers, jouent un rôle clé. En Éthiopie, l’Entreprise chinoise Huawei a par exemple fourni à son partenaire Ethio Telecom la solution de mobile money Tele-Birr, permettant alors à plus de 12 millions de citoyens utilisant la plateforme de réaliser des transactions financières, à la fin de l’année 2021.

Le secteur du Mobile Money pour stimuler l’Entrepreneuriat en Afrique

Si les opérateurs télécoms et équipementiers apparaissent comme les principaux acteurs du développement du Mobile Money en Afrique, il est à noter que la croissance de ce marché porteur a fait naître de nouvelles opportunités pour les jeunes Entrepreneurs. Nombreux sont ceux, à l’instar des fintech, qui se sont lancés à la conquête du Mobile Money. Les Programmes de soutien aux Start-Ups financés par les géants internationaux des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) en Afrique se multiplient et permettent notamment d’accélérer le potentiel du paiement mobile sur le continent. En témoignent le récent partenariat entre Microsoft et la Banque africaine de Développement (BAD) en vue de soutenir les jeunes Entrepreneurs africains ou encore, le lancement du Programme Spark dans la région Northern Africa à l’été 2022 par le leader des infrastructures et des solutions TIC, Huawei. Ces deux initiatives suivent l’ambition affichée des deux géants de soutenir le développement des Start-Ups les plus innovantes en Afrique, considérées comme des vecteurs de croissance pour les économies africaines et les Entrepreneurs qui souhaiteraient par exemple évoluer dans le marché du mobile money.

Par ailleurs, les solutions de e-paiement constituent une véritable opportunité pour les femmes, celles-ci percevant dès lors les services numériques financiers comme une chance de s’autonomiser et de s’émanciper, et ainsi de développer leurs propres activités de manière tout à fait indépendante. En effet, l’écart entre les taux de possession d’un compte bancaire chez les femmes et les hommes stagnait autour de 9 points entre 2011 et 2017 dans les économies en développement. Or, cette situation limite la possibilité pour ces Femmes d’entreprendre, ceci ayant dès lors des conséquences sur le progrès socio-économique des pays. Dans ce cadre, le Mobile Money permet aux femmes de développer des activités dans des secteurs à forte valeur ajoutée, en étant des acteurs à part entière de l’économie nationale et de factodu continent. Grâce à l’accès facilité au système financier – formel -, de plus en plus d’Entrepreneures africaines pourront dès lors développer leur activité et être fières de voir leur commerce s’épanouir. Huawei ou Orange sont ainsi des Entreprises fortement mobilisées dans la lutte contre la fracture Numérique et ont fait de l’inclusion financière, mais également gérés, l’un des piliers de leur action sur le continent africain.

Des défis restent toutefois à soulever afin d’accélérer le potentiel du Mobile Money en Afrique

Si ce nouveau marché offre de nombreuses opportunités économiques, il repose néanmoins sur une infrastructure réseau pas toujours optimale sur le continent africain. Il est donc du devoir des équipementiers tels que Huawei d’accroître la portée des infrastructures numériques afin de relever le défi de la fracture Numérique et de faire en sorte que l’ensemble des populations sur le continent puissent bénéficier de ces services de e-paiement. Telle était notamment l’ambition affichée lors du Huawei Connect Dubaï 2022, l’événement ayant réuni quelques 3.000 intervenants de l’Industrie sous la thématique suivante : « UNE INFRASTRUCTURE INNOVANTE POUR LIBERER LE NUMERIQUE ». Ken HU, Président tournant de l’Entreprise, est notamment revenu sur la nécessité de renforcer l’infrastructure numérique, celle-ci permettant une connectivité plus robuste afin de favoriser une transformation numérique des plus optimales.

Dans ce cadre, Huawei a déployé la solution RuralStar Pro dans une dizaine de pays afin de permettre aux villages les plus reculés d’avoir accès à une connexion Internet de haut débit et de bonne qualité. Grâce à ces technologies, la transformation numérique de ces territoires peut ainsi progresser à plus grande allure, permettant par exemple aux habitants d’accéder à des services de Mobile Money optimaux. Avec l’accompagnement et le soutien des opérateurs, ces derniers ayant investi plusieurs millions de dollars depuis le lancement du Mobile Money en 2007, il est dès lors possible « d’étendre et [de] moderniser le réseau mobile sans lequel le service financier [ne serait] pas accessible ».

Ainsi, en Côte d’Ivoire, MTN a récemment signé un accord avec le canadien NuRAN pour étendre son réseau dans les zones rurales et dès lors permettre à une plus large de la population d’avoir accès à la connectivité mobile dans le pays.

Cependant, de telles solutions doivent reposer sur des Infrastructures sécurisées. En effet, ces nouveaux services présentent des risques liés notamment aux données personnelles. La confidentialité de ces derniers faits donc de la cyber sécurité un pilier essentiel du Money en Afrique. Afin de maintenir la confiance développement du mobile des utilisateurs dans ces nouvelles technologies, opérateurs, équipementiers et États doivent donc collaborer. En ce sens, le dialogue Public-Privé est essentiel et permettra de s’assurer que les cadres réglementaires et politiques sont en mesure de favoriser autant que possible ces solutions novatrices.

Notons que, le contexte africain est marqué par une utilisation croissante des Technologies Numériques. Favorisés par la révolution numérique, l’enracinement, puis la croissance du Mobile Money semble ainsi confirmer cette affirmation, les TIC jouant dès lors un rôle crucial dans le processus d’inclusion financière de toutes les couches sociales de la population africaine.

                                                            Nadège Koffi

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