L’innovation, quels enjeux pour la croissance économique en Afrique ?

L’innovation, quels enjeux pour la croissance économique en Afrique ?

EdTech, AgriTech, HealthTech, Mobile banking ou encore E-Commerce, les innovations dans le secteur du Numérique sont nombreuses et variées et prennent pied dans une Afrique sur le point d’être le royaume de la créativité. Favorisant la création d’emplois et la compétitivité, l’Innovation est une priorité pour promouvoir un continent africain fort et résilient, en mesure de répondre aux défis qui lui sont propres. Moteur essentiel de l’accélération de la croissance socio-économique des pays, l’Innovation est au cœur de la révolution entrepreneuriale qui embrasse aujourd’hui l’Afrique.   

Quand Entrepreneuriat et Innovation (Numérique) font leur révolution en Afrique

La crise de la COVID-19 a souligné le fort potentiel d’innovations du continent africain. Depuis 2020, petits comme grands ont fait preuve de créativité et d’audace pour faire face aux nouveaux défis soulevés par le coronavirus.

Au Sénégal par exemple, des Etudiants de l’École Polytechnique de Dakar ont mis sur pied un robot à même de prendre la température des patients et de leur administrer les médicaments, afin de réduire tout risque de contamination avec les soignants. Au Ghana, deux frères ont créé un lave-mains alimenté par l’énergie photovoltaïque afin de freiner la propagation du virus. En Tunisie, des Ingénieurs ont élaboré une plateforme en ligne permettant de scanner les poumons aux rayons X et ainsi déterminer si un patient présentait une probabilité d’infection au coronavirus. Ces quelques exemples soulignent à eux seuls la forte dynamique entrepreneuriale qui anime de plus en plus l’Afrique. Le nombre de Start-ups sur le continent et les Fonds qu’elles ont levés ces dernières années sont à cet égard éloquents.

Ainsi, en 2021, 564 Start-Ups technologiques africaines ont levé plus de 2 milliards de dollars, d’après le rapport de Disrupt Africa. Au premier semestre 2022, ces jeunes pousses talentueuses étaient tout autant dynamiques, voire plus, puisqu’elles ont levé en sept semaines seulement 1,2 milliards de dollars, 130 opérations de financement ayant été comptabilisées en cette courte période. Comme le souligne la plateforme Africa : « The Big Deal », le record de ce début d’année 2022 est équivalent à cinq mois de levées de Fonds en 2021 ; année pourtant déjà faste, à plus de huit mois en 2020 et correspond à la quasi-totalité de l’année 2019.

En Afrique, plus qu’une simple dynamique, la révolution entrepreneuriale repose tout d’abord sur une croissance démographique des plus fortes dans le monde, certains allant la qualifier de défi pour les années à venir.

En effet, la population du continent africain serait amenée à doubler d’ici 2050, la moitié ayant alors moins de 25 ans. Ce faisant, le nombre de jeunes entrant sur le marché du travail connaîtra dès lors une croissance exponentielle, plus de 30 millions à l’horizon 2030 selon les estimations datant de 2017 ; ces jeunes, de plus en plus connectés sont la force de demain. Parce qu’ils connaissent les réalités de leur environnement et de leur pays, ils sont les mieux placés pour apporter des solutions innovantes aux spécificités, défis et problématiques auxquels ils sont confrontés. Outre celles qui créent des marchés (plateformes d’emplois), il y a également des innovations qui fournissent des informations à une population cible (santé, météo), qui proposent des services (mobile banking, e-commerce) ou qui permettent d’accéder à des contenus (éducation).

L’ensemble des pans de l’économie n’a donc pas échappé à ces innovations disruptives, qui, tout en permettant de lutter contre des problématiques dites structurelles et conjoncturelles, créent également une forte valeur ajoutée. Prenons l’exemple de l’Agriculture, levier économique indiscutable puisque 65% de la population du continent travaille dans ce secteur. Au regard de la forte croissance démographique, se pose tout d’abord le défi de nourrir une population en augmentation continue. A ce premier enjeu s’ajoute celui du réchauffement climatique, celui-ci ayant des répercussions sur les écosystèmes agricoles. Pour remédier à ces problématiques, des jeunes pousses aux solutions numériques et technologiques élaborées ont été créées, notamment au Maroc, en Éthiopie ou encore au Nigéria. De la gestion des ressources en eau à l’amélioration de la productivité, en passant par le développement de la mécanisation et la gestion des marchés établissant un lien direct entre les exploitants et les consommateurs, ces start-ups sont prometteuses. En témoigne leur augmentation considérable ces dernières années ; de 66 en 2013, le nombre d’innovations digitales dédiées à l’agriculture sur le continent africain est passé à 390 en 2018. Si ces innovations sont certes le résultat d’une jeunesse dynamique et motivée, elles sont également le fait d’une amélioration de la connectivité et des infrastructures réseaux, l’accès à la 3G et la 4G sur le continent s’étant multiplié.

Selon la GSMA, Association Représentant les intérêts d’opérateurs et de constructeurs de téléphonie mobile, l’adoption des réseaux 4G en Afrique subsaharienne doublera d’ici à 2025 pour atteindre 28%. La démocratisation croissante du téléphone mobile, notamment du smartphone, n’est pas non plus étrangère à cette vague d’innovations, le mobile étant au cœur de la création et de la consommation de nouvelles solutions.

Une démarche d’innovation à soutenir et à accompagner

La jeunesse est déterminée à faire changer le paradigme qui cantonne encore l’Afrique à un rôle jugé restreint sur la scène internationale. Continent d’avenir selon des voix qui s’affirment de plus en plus, l’Afrique a tout ce qu’il faut pour innover, bien que des freins doivent encore être dépassés.

Le continent ne pouvant pas pleinement s’affirmer sans une jeunesse éduquée et formée aux nouveaux enjeux du Numérique alors que la 4ème Révolution industrielle se profile, l’investissement dans le capital humain est donc une priorité. En effet, toute stratégie d’innovation repose sur une main d’œuvre, chercheurs et techniciens, qualifiée. Ce faisant, l’Innovation pourra alors être un véritable moteur de développement socio-économique. Des Entreprises comme Orange et Huawei engagées en faveur de la transformation numérique et qui opèrent en Afrique depuis de nombreuses années, contribuent à cette innovation foisonnante. Toutes deux ont ainsi déployé des Programmes d’Education afin de relever le défi de la formation des nouvelles générations. L’opérateur a par exemple développé la « Grande école Numérique africaine ».

Quant à l’équipementier chinois, il a fait de la formation des jeunes talents dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) l’une de ses premières ambitions. Huawei a ainsi déployé des Programmes et initiatives tels que la ICT Academy, ICT Competition ou encore Seeds for the Future.

Par ailleurs, de plus en plus digitalisé, le continent africain est confronté à une augmentation de la cybercriminalité, 28 millions de cyberattaques ayant été recensées entre janvier et août 2020, selon Kaspersky, multinationale spécialisée dans la sécurité des systèmes d’information. Or, les pays africains font face à un manque de compétences en matière de cybersécurité. Les chiffres de 2021 estiment que le continent comprend seulement 10.000 Professionnels de la cybersécurité qualifiés, pour une population dépassant déjà le milliard d’habitants. Il est donc essentiel de déployer des formations dans ce secteur, qui, tout en inculquant à ces jeunes talents une culture de la sécurité, leur permettent également de développer leur esprit d’innovation.

Prenant en compte les défis et les opportunités que représente la cybersécurité, ils seront alors en mesure de proposer des solutions adaptées et novateurs ; c’est dans cette optique que Huawei a décidé de dédier certains de ses cours à la cybersécurité, en témoignent les éditions 2020 et 2021 de Seeds for the Future, respectivement au Bénin et au Mali.

A travers cet engagement constant, le géant des télécoms aspire à répondre aux enjeux soulevés par un monde où l’innovation technologique est en constante évolution. Il importe également d’investir dans les infrastructures essentielles que sont l’Electricité, l’Infrastructure numérique, la Cnnexion Internet, mais également les routes. Si la connectivité a considérablement augmenté ces dernières années sur le continent, il n’empêche que seuls 33% des africains utilisaient Internet contre 63% pour la moyenne mondiale, en 2021, d’après l’Union Internationale des Télécommunications (UIT). Or, en raison de la place essentielle qu’elles occupent dans l’essor économique des pays et dans l’innovation, le développement des infrastructures doit être une priorité pour les pays africains, tout comme le renforcement de leur qualité et de leur durabilité. Huawei, en tant que leader dans la fourniture de solutions et d’infrastructures TIC, s’est donné pour mission de donner accès à tous aux Technologies Numériques. Depuis plus de 20 ans, l’Entreprise a travaillé avec plus de 50 opérateurs pour construire environ 50% des sites sans fil et des réseaux mobiles haut débit 3G et 4G dans la région Northern Africa. Elle a ainsi posé plus de 100.000 km de fibres optiques et a aidé près de 20 millions de ménages sans infrastructure de réseau fixe à accéder aux réseaux à large bande passante.

Quand innovation et propriété intellectuelle vont de pair pour stimuler la croissance économique

Comme préalablement mentionné, les innovations bénéficient à l’ensemble des populations sur le continent africain. Le succès et la longévité d’une Entreprise dépendent de ses investissements dans l’innovation certes, mais également dans la Recherche et le Développement (R&D), celle-ci permettant de développer les parts de marché. Plusieurs Entreprises internationales ont ainsi créé des Centres de R&D sur le continent africain ; c’est notamment le cas de Google et de Microsoft au Kenya ou encore de Huawei en Tunisie. L’équipementier chinois accorde une grande importance à la R&D, allant jusqu’à y investir 22% de son chiffre d’affaires. Cependant, promouvoir et faciliter l’innovation et de facto la compétitivité revient à poser la question de la propriété intellectuelle, stratégique pour toute Entreprise, de la start-up à la multinationale.

Selon Francis Gurry, Directeur Général de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) de 2008 à 2013, « les droits de propriété intellectuelle permettent de mettre en place l’environnement sécurisé nécessaire aux investissements dans l’innovation et de fournir un cadre juridique au commerce des actifs intellectuels ». Nous pouvons donc comprendre ici que la protection de la propriété intellectuelle est le socle de l’innovation. C’est également l’avis que partage le géant Huawei, qui détenait plus de 110.000 brevets actifs dans 45.000 familles de brevets à la fin de l’année 2021. Lors de l’Intellectual Property Rights (IPR), Forum s’étant tenu en juin 2022, l’Entreprise a insisté sur le caractère fondamental des droits de propriété intellectuelle, dont la protection et le partage sont essentiels à l’écosystème technologique.

La propriété intellectuelle, en favorisant la créativité, qui elle-même génère compétitivité et croissance économique durable, passe donc par l’élaboration de stratégies nationales en matière d’innovation, mais doit également reposer sur un cadre juridique et réglementaire adapté. La propriété intellectuelle étant garante d’un avantage concurrentiel, il est donc de la responsabilité des décideurs du continent africain de créer un environnement favorable à l’innovation.

Outre la définition et la mise en place de législations et de politiques publiques, les États doivent également investir dans la création de savoirs, la formation étant indispensable pour faire des nouvelles générations, les talents de demain.

Il est donc important que les acteurs publics, en partenariat avec le Secteur Privé, doivent soutenir les Entreprises, PME et Start-Ups, afin qu’elles puissent avoir accès aux mécanismes et structures de financement nécessaires pour faire éclore leur créativité et ainsi assurer la croissance de leurs activités.

L’Afrique est un continent riche, jeune et dynamique, aux opportunités aussi nombreuses que variées. Dans ce cadre, l’innovation couplée à des droits de propriété intellectuelle structurés permettront de stimuler la productivité et la compétitivité du continent, tout en renforçant la capacité d’adaptation et de durabilité des économies. L’innovation apparaît dès lors comme la pierre angulaire de la croissance économique.

                                                           Nadège Koffi

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