SEM Rafael SORIANO ORTIZ, Ambassadeur d’Espagne en Côte d’Ivoire : « À l’Ambassade d’Espagne, nous travaillerons avec dévouement pour mettre plus d’Espagne en Côte d’Ivoire et plus de Côte d’Ivoire en Espagne »

SEM Rafael SORIANO ORTIZ, Ambassadeur d’Espagne en Côte d’Ivoire : « À l’Ambassade d’Espagne, nous travaillerons avec dévouement pour mettre plus d’Espagne en Côte d’Ivoire et plus de Côte d’Ivoire en Espagne »

De son dernier poste au sein de l’Institut Cervantès en Espagne, comme Directeur de Relations Internationales, SEM Rafael SORIANO ORTIZ, est depuis quelques mois l’Ambassadeur d’Espagne en Côte d’Ivoire.

Dans une interview accordée au site www.afriqueeconomie.net, le nouveau Diplomate de l’Espagne en Côte d’Ivoire a voulu faire le bilan de la Coopération entre l’Espagne et la Côte d’Ivoire et nous présenter les actions qu’il mènera durant son mandat en Côte d’Ivoire, en vue de consolider cette relation entre les deux pays.

 

A.E : Présentez-vous à nos lecteurs Excellence

Je m’appelle Rafael SORIANO ORTIZ et depuis un peu plus de deux mois j’ai l’honneur d’être l’Ambassadeur du Royaume d’Espagne en Côte d’Ivoire. Je suis né à Barcelone, une ville ouverte sur le monde, et j’adore voyager, le cinéma, la littérature et le football. Et je précise à vos chers lecteurs, que bien qu’étant de Barcelone, je ne suis pas un supporteur du FC Barcelona mais d’un autre club de Première Division de la ville, le RCD Espanyol. Et je souligne aussi que j’ai très envie de découvrir le football ivoirien.

A.E : Depuis votre prise de fonction à la tête de l’Ambassade d’Espagne en Côte d’Ivoire, quels sont les chantiers auxquels vous-vous êtes fixés durant votre mandat ?

L’Espagne et la Côte d’Ivoire ont de très solides relations bilatérales, basées sur le respect mutuel et la proximité dans beaucoup de sujets à caractère régional et global. Si je devais fixer les axes principaux de notre relation, je mettrais en exergue trois dimensions. En premier lieu, nous misons sur un dialogue politique renforcé. La Côte d’Ivoire est un pays prioritaire pour le Plan Afrique du Gouvernement Espagnol et pour le Focus Afrique, sa stratégie de mise en œuvre. Des sujets comme la situation régionale, les migrations, la coopération en matière de sécurité ou la lutte contre la pandémie de COVID-19, font partie de notre agenda commun. En deuxième lieu, nous souhaitons renforcer nos relations économiques et commerciales. Même si la situation s’est améliorée de façon sensible ces dernières années, nous sommes convaincus qu’il y a encore une très large marge d’amélioration que nous souhaitons saisir. Les perspectives économiques ivoiriennes sont favorables et ses défis sont définis dans le Plan National de Développement (PND) du Gouvernement ivoirien. Et, en troisième lieu, nous sommes engagés à continuer à appuyer l’amélioration de notre coopération éducative et culturelle, comme la meilleure façon de rapprocher encore davantage les ivoiriens et les espagnols. Avant d’être nommé comme Ambassadeur d’Espagne à Abidjan, j’ai été Directeur de Relations Internationales de l’Institut Cervantès, et je veux souligner que la Côte d’Ivoire est le pays africain qui, avec plus de 567.000 étudiants, enregistre le plus fort taux d’élèves d’espagnol de l’ensemble du continent africain. Cette donnée constitue une base très solide entre nos deux pays.

A.E: L’Espagne est un pays qui regorge de plusieurs atouts économiques et touristiques entre autres une croissance d’environ 2%, bien avant la crise sanitaire mondiale; les pays qui parlent l’espagnol représentent presque 10% du PIB mondial; 1er pays au monde en espaces de la biosphère qui représentent 12% du territoire national et plus de 580 millions de personnes qui parlent l’espagnol dans le monde. Quel est le secret de l’Espagne?

Nous traversons une période de grandes incertitudes, essentiellement marquée par l’impact global de la pandémie de la COVID-19. L’Espagne comme la majorité des pays européens a été très durement touchée par la COVID-19. Nous assistons à présent, à une 6ème vague d’infections qui, nous l’espérons, ne devrait pas avoir de conséquences aussi dramatiques, grâce au pourcentage très élevé de la vaccination de la population espagnole, un des plus importants au monde (90% de la population de plus 12 ans a déjà la vaccination complète). La crise sanitaire est également accompagnée d’une crise économique pour laquelle l’Union Européenne (UE) a prévu un Programme de récupération ambitieux. L’Espagne a déjà reçu l’accord de la Commission, pour recevoir les premiers 100.000.000 d’euros de Fonds européens. Nous travaillons pour une Espagne lus verte, plus digitale et qui soit capable de réduire les brèches de genre et territoriales. Selon l’OCDE, la prévision de croissance de l’économie espagnole s’élèvera à 5,5% pour 2022. Les indicateurs sociaux et économiques dans mon pays récupèrent. Et, en tout cas, notre Projet futur passe par un pari renouvelé, en faveur de l’Internalisation de notre économie, pour laquelle l’Afrique devrait être un Partenaire privilégié. La pandémie nous a fait accélérer quelques changements comme celui qui suppose la Digitalisation qui, en des circonstances normales, aurait pris beaucoup d’années d’effort. Je vous remercie aussi de votre mention à la dimension globale de la langue et de la culture en espagnol. Les espagnols nous représentons à peine 8% des hispanophones et la force de notre langue réside précisément dans le fait d’intégrer une communauté de près de 500 millions de locuteurs natifs, chiffre qui monte à 600 millions, si nous ajoutons ceux qui ont des compétences linguistiques en espagnol. Nous nous trouvons sans doute face à une langue globale de communication, avec la valeur économique extraordinaire qu’elle suppose. Peut-être notre grand défi au cours des prochaines années, est de consolider l’espagnol comme une langue de science et de technologie. Et dans ce scenario, comme je vous le disais tantôt, je suis heureux de souligner l’importance de l’espagnol en Côte d’Ivoire. Ici aussi, on parle l’espagnol, et beaucoup.

 

 A.E : L’Espagne et la Côte d’Ivoire sont des pays qui ont décidé de tisser une coopération gagnante-gagnante. Pouvez-vous Excellence, nous faire le bilan de cette coopération ?

Lorsque je dis que les relations entre l’Espagne et la Côte d’Ivoire sont excellentes, je ne souhaite, en aucun cas, le faire sur un ton d’auto complaisance. Je le dis pour souligner l’harmonie entre nos deux pays pour reconnaître le potentiel extraordinaire que nous avons devant nous. Pour l’Espagne, la Côte d’Ivoire est un pays clé du point de vue géostratégique, un acteur de référence en Afrique Occidentale, qui apporte stabilité et équilibre devant un scénario régional complexe. J’espère que le contrôle graduel de la pandémie rendra possible un agenda de contacts de haut niveau qui permettra d’aborder le renforcement de notre action diplomatique, économique et culturelle. Le grand défi que nous nous sommes promis, est d’aider à raffermir la coopération entre l’Espagne et la Côte d’Ivoire et pourquoi pas installer le 2ème Institut Cervantès en Côte d’Ivoire, après le Sénégal. Ce qu’il faut, c’est qu’il faut mieux se connaître ; pour nous c’est de présenter les potentialités de la Côte d’Ivoire aux opérateurs économiques espagnols ; c’est la raison pour laquelle on travaille pour l’année prochaine, à un Forum économique en Espagne, qui permettra de tisser des Partenariats entre les deux pays. Au niveau multilatéral, à travers l’Union Européenne (UE), nous travaillons à organiser pour le mois de mai 2022 à Abidjan, un Forum des Affaires.

  

 A.E : Pensez-vous que la barrière linguistique est un frein aux investisseurs espagnols en Côte d’Ivoire ?

Je crois que ces barrières ne sont pas linguistiques, mais plutôt culturelles ; ce qu’il faut c’est et c’est le rôle de l’Ambassade, c’est d’aider à construire des ponts qui permettront aux investisseurs espagnols de le faire. Il faudrait mieux se connaître pour y arriver, afin d’avoir une confiance.

A.E: A combien de ressortissants à la date de ce jour sont estimés tous les espagnols vivant sur le territoire ivoirien?

La communauté espagnole résidente en Côte d’Ivoire est relativement modeste, près de 500 personnes et environ 50 Entreprises espagnoles en Côte d’Ivoire, dans divers secteurs d’activités. Il y a des espagnols qui sont ici depuis longtemps, comme c´est le cas des religieux. Cela fait à peine quelques jours que j’ai visité à  Sakassou un hôpital géré par les Sœurs Carmelitas Misioneras et dans lequel Sœur Paula travaille depuis 1980, un exemple d’engagement  de de solidarité. Il y aussi un certain nombre de couples hispano-ivoiriens, et ces dernières années, une lente mais progressive augmentation de la communauté entrepreneuriale, conséquence de l’amélioration incontestable de notre position économique et commerciale en Côte d’Ivoire.

A.E : Quels sont les secteurs d’activités auxquels ils sont le plus présents ?

Je parlais il y a un instant de religieux qui ont tant fait et font pour ce pays, mais je veux également mettre en valeur les personnes qui travaillent dans le domaine de la coopération ou dans le domaine éducatif. Indubitablement, le domaine avec la plus grande présence est celui relatif aux activités économiques, dans lequel excellent les travailleurs des sociétés qui réalisent d’importants Projets liés au secteur Energétique.

A.E : La pandémie que traverse chaque pays, a emmené plusieurs pays, à prendre des restrictions pour la protection de sa population. Quelles sont les dispositions prises par le Royaume d’Espagne, face à cette pandémie ?

L’Espagne a réussi à travers le travail extraordinaire de nos Professionnels sanitaires et de l’exceptionnelle collaboration citoyenne, un taux de vaccination qui nous rapproche de l’immunité collective. Nous sommes en train de faire face à l’injection d’une 3ème dose de rappel qui nous permettra d’affronter avec des garanties, la menace du variant Omicron. Mais en Espagne, il a été toujours évident que la lutte contre la COVID-19 est un défi global pour lequel nous ne pouvons oublier personne. En privilégiant les mécanismes multilatéraux comme COVAX, l’Espagne s’est engagée à donner plus de 50 millions de doses de vaccins pour les pays qui en ont besoin, et dont 20 millions de doses sont destinées aux pays africains. J’ai l’immense plaisir de dire que ces dernières semaines, la Côte d’Ivoire a reçu plus de 1.600.000 vaccins donnés par l’Espagne et qui viennent renforcer la campagne de vaccination lancée par le Gouvernement ivoirien. Le grand défi est à présent de convaincre la population de la nécessité de se faire vacciner; mon pays restera attentif à ses besoins.

 

A.E : Depuis que vous êtes installés en Côte d’Ivoire, qu’est-ce qui vous a le plus marqué sur tous les aspects ?

Au cours de mes deux mois à peine en Côte d’Ivoire, j’ai eu un agenda vraiment intense. Personnellement, je dirais que je me suis toujours senti à l’aise, réconforté par la douceur de la Côte d’Ivoire et l’accueil des ivoiriens.  A peine arrivé depuis quelques jours, j’ai pu assister à l’Abissa à Grand-Bassam et me rendre compte que beaucoup de choses nous unissent. Ce sens de la célébration communautaire, de la fête, d’être ensemble dans le meilleur et dans le pire, de l’importance de la famille, sont des aspects que nous partageons les espagnols et les ivoiriens. J’ai été vraiment ému en écoutant parler en espagnol les élèves du Lycée Moderne de Cocody ou en me réunissant aves les nombreux étudiants d’espagnol de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké. Lors de mes premiers contacts avec le Gouvernement ivoirien, j’ai toujours ressenti une volonté claire de renforcer notre relation et une grande sympathie envers mon pays. À l’Ambassade d’Espagne nous travaillerons avec dévouement pour mettre plus d’Espagne en Côte d’Ivoire et plus de Côte d’Ivoire en Espagne.

   

A.E : Le Tourisme est l’un des secteurs d’activités qui a vu son chiffre d’affaires décroître durant cette crise sanitaire. Comment l’Espagne a pu et continue de mener, afin d’attirer des touristes sur son sol ?

Le tourisme, comme vous le mentionnez, est un secteur économique vital pour l’Espagne et, précisément, l’un des plus impactés par la crise sanitaire. Nous défendons l’adoption de mesures qui permettent un tourisme sûr  comme dans le cas du certificat COVID digital au sein de l’UE. On constate déjà que les vols vers l’Espagne atteignent 80% des niveaux pré pandémie. De la même façon, et conscients, des potentialités du tourisme en Côte d’Ivoire nous sommes engagés à partager expériences et Projets. Hier soir j´ai eu l´honneur d´accompagner la Ministre ivoirien du Tourisme à l’occasion de la cérémonie de lancement du Classement des Etablissements de tourisme en Côte d´Ivoire, un cachet certainement de qualité.  D’ailleurs, je saisis cette opportunité pour féliciter la Côte d’Ivoire pour sa récente  élection à la présidence du Conseil de l’Organisation Mondiale du Tourisme après la réunion qui a eu lieu il y a peu à Madrid.

A.E : Quelle est votre analyse sur l’Entrepreneuriat féminin en Afrique ?

Un des axes que l’Ambassade était déjà en train de travailler en Côte d’Ivoire est celui de la défense des droits des femmes et des filles, ainsi que de leur autonomisation. Une société juste et prospère n’est possible qu’à partir de l’égalité entre les hommes et les femmes. Nous sommes en étroite collaboration avec le Ministère ivoirien de la Femme, de la Famille et de l’Enfant et pour preuve l’organisation de deux ateliers de formation pour l’éradication de la violence de genre auxquels nous avons collaboré à Abobo cette semaine. Les politiques d’égalité inspirent toute l’action extérieure de l’Espagne et nous continuerons d’appuyer en Côte d’Ivoire des initiatives qui promeuvent l’autonomisation de la femme et la lutte contre le fléau de la violence de genre.

A.E : Votre mot de fin à nos lecteurs

Je me sens très honoré de représenter mon pays auprès de la Côte d’Ivoire ; c’est toujours une responsabilité et cette responsabilité vise à obtenir des résultats qui permettront à nos deux pays de s’en sortir, plus proche les uns de autres. J’espère ne pas être dépaysé ; l’accueil en Côte d’Ivoire est des plus chaleureux ; je me sens heureux d’être en Côte d’Ivoire ; il y a beaucoup de choses que je découvre chaque jour (le Nouchi, qui tire un peu vers l’espagnol ; le dialogue politique, etc). Merci infiniment à l’équipe du site Afrique Economie, qui nous a donné cette opportunité de me connaître et surtout de parler de cette Coopération entre l’Espagne et la Côte d’Ivoire, qui pour moi continuera à se consolider, si nous nous connaissons mieux.

 

  Interview réalisée par Nadège Koffi

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