Jorge MARTINEZ, Propriétaire de l’Hôtel Restaurant LA PLAYA de Grand-Bassam « Mon Projet le plus imminent est de vendre le plus tôt possible LA PLAYA car j’ai envie de me reposer »

Jorge MARTINEZ, Propriétaire de l’Hôtel Restaurant LA PLAYA de Grand-Bassam « Mon Projet le plus imminent est de vendre le plus tôt possible LA PLAYA car j’ai envie de me reposer »

Pour des personnes qui vivent à la capitale économique ivoirienne Abidjan (Côte d’Ivoire-Afrique de l’Ouest) et ont cette habitude de faire leur week-end dans la première capitale de la Côte d’Ivoire qu’est la ville de Grand-Bassam (Sud-Comoé de la Côte d’Ivoire), ne peuvent pas ne pas connaître les plus connus et prisés hôtels de cette ville balnéaire. Quand nous citons l’Hôtel-Restaurant LA PLAYA de Grand-Bassam, nous sommes tout de suite orientés vers l’un des Hôtels de qualité de la ville et même du pays.

Jorge MARTINEZ, propriétaire espagnol de ce complexe hôtelier installé depuis une vingtaine d’années en Côte d’Ivoire, que nous avons eu à rencontrer pour échanger avec lui afin de connaître les réalités que vivent les Opérateurs économiques étrangers installés  en Côte d’Ivoire depuis plusieurs années et comment est-ce qu’ils sont arrivés à gérer cette crise sanitaire mondiale qui a impacté plusieurs secteurs d’activités dont celui du Tourisme et de l’Hôtellerie.

Notre interlocuteur au cours de notre interview accordée au site www.afriqueeconomie.net , n’a pas du tout caché les réalités auxquelles ils sont confrontés et retient une mauvaise image. M. MARTINEZ nous explique l’histoire de son installation en Côte d’Ivoire ; dévoile la déception de cette politique au niveau de l’Administration, menée depuis plusieurs années, vu qu’il est le Vice-Président de l’Association des Hôteliers de la localité (Grand-Bassam) et se dit prêt à vendre son complexe afin de prendre sa retraite avec sa famille.

 

A.E : Présentez-vous à nos lecteurs

Je m’appelle Jorge MARTINEZ, je suis de nationalité espagnole, marié le 10 novembre 2018 avec une ivoirienne. Je suis née bientôt cela fera 73 ans et père de deux enfants de mon premier mariage avec une française ; j’ai une licence de Maths-Physiques que j’ai eu en 1966.

 A.E : Depuis quand êtes-vous installés en Côte d’Ivoire ?

Je suis donc venue en Côte d’Ivoire au début des années 2000 et ma fille m’avait déjà avancé et nous avons fait quelques essais, jusqu’à partir de 2004 où on a pris un hôtel ici qui s’appelle Hôtel Restaurant LA PLAYA.

 A.E : Pourquoi le choix de la Côte d’Ivoire pour votre Business ?

Non, moi je suis venue pas dans l’intention de faire du business. J’étais Informaticien, j’avais une société, j’ai voyagé, je suis espagnol, je parle français, je parle l’anglais, je parle le russe, je parle le portugais, je parle beaucoup de langues ; j’ai voyagé un peu partout et bon j’ai travaillé, j’ai été formé aux États-Unis en Informatique. Et donc, il y a derrière 30 ans 35 ans quand je suis rentrée de mes grands voyages où j’étais donc Vice-Président d’une société américaine et bon je me suis installé à mon propre compte et puis bon à la fin comme j’étais disons divorcé, donc célibataire depuis très longtemps, ma fille qui travaillait avec moi ; elle a toujours été très africaine dans la tête, elle faisait les écoles de Djembé, elle avait des amis ivoiriens, des amis maliens ; elle avait tout sauf des espagnols et des français. Je dis français parce ce que sa mère était française ; donc quand un moment donné elle avait connu un ivoirien, elle est venue en Côte d’Ivoire avec lui et elle m’a expliqué qu’elle voulait partir monter son Entreprise en Afrique. Je lui ai dit très bien ; donc la première fois que je suis venu en Côte d’Ivoire c’était trois, quatre jours avant noël 1999 (je tombe dans la crise politique)  et donc je reconnais que le pays m’a plu, c’était une bonne époque, il faisait beau, parce ce que nous là-bas on était en plein hiver ; donc c’était un contraste. Je suis revenu car le pays m’a plu et après j’ai commencé jusqu’en 2002 et en 2002 j’ai vendu ma société. Je connaissais des américains qui ont pris la société et j’étais encore obligé de garder un ou deux. C’était une pré-retraite tranquille ; c’est là que j’ai appris à jouer au Golf et donc après je suis venu ; ma fille a fait pleins de trucs (vendu des ordinateurs, exporter de l’artisanat, de la nourriture, etc) et puis un jour je n’étais pas encore résident ici (fin 2005), il y a un hôtel (là où on se trouve en ce moment qui s’appelait l’Eden Rock) et ma fille m’a dit qu’il serait à vendre.

 A.E : Comment a débuté le Projet de ce complexe hôtelier ?

Par hasard, ma fille m’a dit papa si on prenait un hôtel, tu pourras faire ta retraite paisiblement en te reposant et je m’occuperai de toi ; et donc pendant six ans, ce que j’ai fait cinq aller-retour Abidjan-Amsterdam et ; donc je prends deux à trois mois où je rencontre également des aventures amoureuses. Il y a que deux ans que je suis marié avec une ivoirienne (Abidji) et ma fille a eu une petite fille avec un Gouro (Kylie qui a 16 ans maintenant). Mais le problème est que ma fille a eu une rupture avec son conjoint qui quand il est partie en France n’est plus revenu ; donc elle a fait une dépression et donc c’est papa qui a tout assumé ; alors que ma fille a maintenant 46 ans quand même, mon fils en a 52 ans ; et donc elle est repartie avec sa fille voir sa mère.

 A.E : Quelles ont été les difficultés rencontrées durant le cheminement ?

Les difficultés, vous avez des banques très spéciales ici ; ce ne sont même pas des banques de dépôt ; où ils prennent votre argent et ne donnent aucun service. Par exemple, faire un virement d’ici pour envoyer à ma fille ; je précise que j’ai plusieurs banques et c’est toujours pareil. Mais moi dès qu’on m’embête, je prends mon argent et je m’en vais ailleurs, parce ce que moi je ne demande de prêts ; j’ai jamais demandé de prêts de ma vie, j’en ai même pas besoin. Ma fille elle a signé un contrat de bail qui lui a dit qu’il était le propriétaire de cet espace ; mais moi je me suis démerdé, mais moi cela m’a coûté de l’argent. Maintenant j’ai une occupation de domaine public et je veux travailler dans la légalité. Le problème ici c’est les banques ; aucun appui aux Opérateurs économiques ; la commune c’est les politiciens alors qu’un maire ne doit pas être politicien, mais elle se doit d’aider sa commune. Ils font les choses à l’envers ; pas de grands travaux pour leurs communes (les infrastructures quasi-inexistantes ; rues mal entretenues, etc). Depuis que je suis ici à Grand-Bassam (Côte d’Ivoire), cela fait 20 ans, rien à changer ; les routes sont impraticables ; les inondations, etc. Mais la commune se doit de faire des budgets dans le domaine de la Santé, de l’Éducation, des Infrastructures, etc pour le bien-être de sa population ; mais depuis que je suis en Côte d’Ivoire, c’est le même constat ; rien n’est fait. Et donc je pense que si on veut développer ; moi j’avais une société de service ; le service se conçoit avec les autres pour se faire le service. Il faudrait offrir de la qualité si on veut garder sa clientèle ; mais en plus moi j’ai connu tous les maires de Grand-Bassam vu que j’ai été Vice-Président des Opérateurs économiques de la ville ; j’ai connu les Ministres du Tourisme également ; mais franchement je constate qu’aucun n’a su jouer son rôle. Par exemple, aller à San-Pedro, il faudrait 15 heures de route; Man avec le Pont de lianes, c’est un désastre. Alors qu’il y a d’autres pays africains qui se débrouillent nettement mieux que nous dans ce domaine ; même si la Côte d’Ivoire au niveau des Investisseurs, elle représente quelque chose. Quand j’ai eu des difficultés, j’ai sollicité un découvert de 2.000.000 FCFA pour faire un essai à ma banque ; mais depuis plus de six mois que j’attends une réponse. Je voulais simplement m’éviter d’emmener mon argent, car mon argent n’est pas logé en Côte d’Ivoire ; comme tout bon blanc qui se respecte et qui a une activité économique dans un pays hors de son pays d’origine.

 A.E : Nous sommes en crise sanitaire mondiale depuis plusieurs mois, plusieurs secteurs d’activités dont celui du Tourisme et de l’Hôtellerie sont beaucoup touchés par cette pandémie. Pouvez-nous nous faire un bilan de vos activités au cours de cette période de crise sanitaire et les stratégies déployées afin de pouvoir survivre et rentabiliser ?

Vous parlez à une petite société qui s’appelle Hôtel Restaurant LA PLAYA SARL et qui a été simplement faite cette année (01 janvier 2020) ; donc il a fallu, parce qu’elle était avant au synthétique ; c’était tout assez simple. Maintenant il faudrait une discipline personnelle des gens. Et là c’est difficile parce ce qu’on ne peut plus se sauter certaines normes ; ce n’est pas fait pour être sauter les normes, c’est faire pour être appliquées. D’ailleurs il faut payer, paye. C’est une mentalité qu’on a depuis tout petit, on nous dit les impôts faut les payer ; je veux dire que cela nous a permis maintenant d’avoir un statut différent avec des obligations différentes. Ma femme est la Gérante de la société; parce ce que le Fonds de Commerce est à moi et ma fille. Et donc on a créé LA PLAYA tout court, on a créé une nouvelle société où on loue le Fonds de commerce à la nouvelle société. Cela me permet, parce ce que mon désir absolu est de pouvoir vendre ce Fonds de commerce ; c’est une occupation dans le domaine public. Donc cela fait trois à quatre ans que j’essaie, mais compte tenu des vicissitudes et de la persévérance de certains gens, on essaye de lutter. Je ne vis pas encore 100% dans la légalité. Pendant le début de la crise sanitaire mondiale, les hôtels n’avaient plus droit à faire de la restauration ; par contre elle avait droit à vendre des chambres. Tout le monde a essayé de mener des stratégies afin de pouvoir ne serait-ce que gagner un peu, parce ce que chez moi j’avais 22 personnes (j’en ai un petit peu maintenant) ; il y a eu trois mois de chômage technique, qui m’a coûté énormément ; heureusement que j’ai les moyens, mais les autres, ce n’est pas évident. Nous avons perdu à peu près 50% du Chiffre d’Affaires annuel normal ; on perd forcément de l’argent parce ce qu’on ne fait ne fait pas 50% de bénéfices. Donc on nous a promis et maintenant on en parle même plus, tellement rien est fait jusqu’à ce jour.

 A.E : En tant que Professionnel dans l’Hôtellerie, pouvez-nous nous donner la différence entre un hôtel 3 étoiles et un hôtel 5 étoiles ? Et également nous dire dans quelle catégorie se retrouve votre complexe hôtelier ?

On n’est même pas 3 étoiles ici ; cela est un service que nous offrons. Pour avoir un restaurant, un hôtel, etc, il faudrait d’abord avoir la Licence et ensuite l’Agrément Touristique qui est un document assez compliqué (cela prend du temps et cela coûte chère). Et donc c’est dans cet Agrément Touristique qu’on oblige certaines formes de travaux ; d’ailleurs la plupart des personnes dans ce domaine ne l’ont pas. L’Association des Hôteliers dont j’étais le Président, on a dit qu’on allait fait un truc global pour l’Association. Dans cet Agrément Touristique, après avoir obtenu la Licence, on vous donne la qualification (cela fait cinq ans qu’on attend) ; parce qu’ils ont encore changé de Ministre. Cela veut dire qu’aucun Hôtels en Côte d’Ivoire, officiellement ne l’ont pas. C’est un statut qu’on puisse mettre à niveau les mêmes services, mais cela est impossible. Vous allez en Thaïlande, au Maghreb, ce sont des Hôtels 5 étoiles ; on en arriverait même à dire 10 étoiles sur certains Hôtels. Comme cela est en fonction du service, il faudrait que vous ailliez toutes les chambres équipées, les salles de bains, l’hygiène, etc ; cela est impossible ici, c’est compliqué. La différence actuellement c’est simplement de qualité ; je dirai du tape à l’œil. Plus c’est jolie, plus c’est beau, plus c’est chère. Et donc, je dirai chez moi (LA PLAYA), j’ai des chambres largement au-dessus des 3 à 4 étoiles ; je pense qu’elles sont petits peu moins spacieuses. J’ai été le meilleur en 2004 à avoir des caméras de sécurité (vu que j’ai une formation d’Ingénieur en Informatique), j’avais déjà du Wifi à l’époque. On a essayé d’être aux normes européennes ; j’ai une cuisine aux normes, puisque j’ai fait venir tout le matériel de cuisine d’Espagne (même si la mer est en train de les faire rouiller) et donc on est obligé de sans cesse les faire peindre et repeindre. Si on était en Espagne, je dirai que mon Hôtel est dans la fourchette d’un tout petit 2 étoiles, mais eux ils ont 80.000 touristes, chaque hôtel a au moins un espace de 400 places au niveau de la côte ; on en a plus que les français. On a plus de touristes que les français en Espagne, mais les français dépensent plus que les touristes qui vont en Espagne. C’est plutôt du camping vu qu’il fait toujours beau là-bas. Tandis que la France, ce sont les japonais, les chinois ; on achète tout ce qui est parisien, les montres, les Champs Élysées, etc. Ils restent moins longtemps ; c’est plus les vacanciers qui viennent, qui s’amusent, qui dépensent qui boivent, etc. Ici à Grand-Bassam, on n’a pas cette vie de nuit ; on n’a rien à faire les soirs, les gens restent chez eux, ils vont dans un petit maquis, etc. On a une clientèle de base qui est l’abidjanais. Alors eux, ils viennent que le week-end vu qu’ils ont leurs maisons à Abidjan (capitale économique) ; donc comme je savais faire de l’événementiel parce ce que j’avais une société qui en faisait, la première des choses qu’on a commencé à faire ce sont les séminaires. On a construit un étage en plus où on a une grande salle de séminaire ; novembre, décembre, janvier et février c’est la période où on gagne. Cela représente 40% du Chiffre d’Affaires. Après les chambres, on travaille avec des Opérateurs économiques. Quand je suis arrivé en Côte d’Ivoire, il y avait 50% de libanais, 35% d’occidentaux et 15% de locaux ; et maintenant on a 60% de locaux (c’est vrai que le prix moyen par tête à diminuer) dans ce domaine d’activité. La clientèle aujourd’hui réserve pour passer le week-end en famille ou entre amis, plutôt que d’être à Abidjan (capitale économique) ; il fait chaud, on a envie de se détendre afin d’entamer la semaine de travail. Sinon que notre Chiffre d’Affaires provient plus des séminaires que nous organisons avec de grandes Institutions (ONUCI, UNICEF, PAM, PNUD, etc), dans les années 2006. Après maintenant on commence plus à avoir de sociétés qui viennent en formation et on cherche toujours à exceller dans notre domaine. Pour être excellent, il faut être exigent (avec les collaborateurs, qui sont en général pas formés et donc leur apprendre comment recevoir et maintenir la clientèle) ; je préfère avoir un client qui n’est pas content et qui le dit que d’avoir un client qui n’est pas content et qui ne le dit pas ; parce ce que tu risques de ne plus le revoir. C’est vrai que cette crise sanitaire mondiale a impacté, mais je peux vous dire qu’on a notre clientèle de base qui nous font le privilège de nous visiter (des expatriés, des familles qui viennent pour le week-end, etc).

 A.E : Combien d’employés avez-vous au sein de votre équipe ?

On a 18 personnes qui sont employés (c’est-à-dire déclarés à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale), maintenant les week-ends nous avons les extras ; où quand il y a un séminaire, un mariage, etc (les journaliers) ; cela peut varier (25 à 26 personnes). Je peux vous confirmer que nous payons toutes les personnes que nous embauchons pour le travail. Nous avons plus de femmes employés ici car elles sont très professionnelles et efficaces.

 A.E : Quels sont les Projets à court et moyen termes que vous avez ?

Mon Projet le plus imminent est de vendre le plus tôt possible LA PLAYA car j’ai envie de me reposer. Je ne suis pas venu en Côte d’Ivoire pour travailler, mais dans l’optique de faire ma retraite tranquillement. La déception que j’ai de tout mon parcours en Côte d’Ivoire est surtout au niveau de l’Administration, des lois qui sont établies. Ici on a une loi, mais elle est change carrément en fonction d’une situation ou d’une personne ; je ne supporte pas cela. Nous on travaille dure, on paie nos TVA, nos impôts, nos Taxes Sur les Salaires (TSR), nos Taxes Touristiques (je ne sais même pas pourquoi on les paye vu qu’on a aucun service touristique) ; on n’a pas de touristes ici, vu que ce sont des personnes qui viennent voir leurs familles et autres, etc. Si je suis resté en Côte d’Ivoire depuis une vingtaine d’année, c’est parce ce que j’ai aimé le pays, mais ce qui m’a le plus faire rester ici, ce sont les populations ; cette diversité d’ethnies que nous avons, une qualité humaine que je n’ai pas vu dans plusieurs pays d’Afrique auxquels j’ai eu à visiter (j’en ai connu pas mal de pays). Nous avons des personnes respectueuses, communicatives ; mes meilleurs amis sont africains, ils ne sont pas occidentaux.

 A.E : Quel a été la politique mise en place pour le Gouvernement ivoirien, afin d’aider les Entreprises du Secteur Privé, plus particulièrement de l’Hôtellerie, au cours de cette crise sanitaire mondiale ?

Je n’ai vu aucune politique mise en place pour le Gouvernement ivoirien, afin d’aider les Entreprises du Secteur Privé, plus particulièrement de l’Hôtellerie, au cours de cette crise sanitaire mondiale. On attend, ils nous ont dit de faire l’inventaire de nos difficultés, que nous avons eu à leur donner, mais toujours rien. En mars 2016 quand il y a eu l’attentat terrorisme à Grand-Bassam ; là cela n’a pas mis une semaine où on nous a octroyé 200 millions de FCFA et là le chèque a été fait au nom de l’Association des Hôteliers (Etoile du Sud, le WHARF, la Paillote, NSA Hôtel, la Taverne Bassamoise, le Koral Beach, la Madrague, Tereso, etc). Nous avons dit qu’on ne veut pas, parce ce que pour répartir ce genre de sommes, si il n’y a pas de normes ; c’est plutôt un problème moral que nous avons eu (peur que cela se répète) ; tout le monde a touché je crois six millions de FCFA. Mais pour revenir à cette crise sanitaire mondiale, malgré qu’on n’ait reçu aucune aide encore du Gouvernement ivoirien, moi j’ai payé tous mes employés qui étaient au chômage technique (30% des employés étaient au chômage technique) ; j’en ai pris 10 personnes avec lesquelles j’ai eu à faire tourner le travail. On fait des efforts sur nous-mêmes pour faire vivre notre business ; même si je peux vous dire que j’ai les moyens de ma politique, mais lorsqu’on fait un investissement, l’objectif est à la fin de rentabiliser. Si on a un appui de l’État, cela crée une synergie avec les acteurs. Mais là tu as l’impression que l’État veut prendre sa part, les Institutions locales veulent prendre leur part et donc toi tu te débrouilles ; celui qui a de l’argent se débrouille, celui qui n’a pas de l’argent ne peut rien faire. Le retour de ton investissement est en fonction de la hauteur de l’investissement initial que tu as fait ; plus tu vas avoir de bonnes installations, plus tu auras un bon retour d’investissements. Je demande rien de l’État vu qu’on a eu à remplir pas mal de fiches afin d’avoir cet appui, mais rien a été fait.

 A.E : Nous sommes en période de fin d’années et beaucoup de secteurs d’activités en Côte d’Ivoire, sont en train de mener des stratégies afin de rentabiliser. Quelles sont vos offres de service pour ces fêtes de fin d’années ?

Nous n’avons pas prévu des stratégies nouvelles pour la clientèle. Chaque fois qu’on fait cela c’est un désastre (des réveillons, des buffets, des karaokés, etc). Et puis on a pas la possibilité de faire des feux d’artifices vu que cela est interdit ; on ne peut pas faire de feux de bois sur la plage, etc. Nous avons une clientèle fidèle qui viendra et une clientèle occasionnelle qui viendra pendant ces fêtes de fin d’années où nous leur proposerons des plats spéciaux, typiquement espagnols (Flan au caramel, Paëlla de fruits de mer, Fideua aux cheveux d’ange et aux fruits de mer, Tortilla, Poulpe à la gallegue, Calamar à l’andalouse, soupçons de sautés, pains grillés, etc), mais aussi des spécialités africaines (Kedjenou de poulet, de pintades, de lapins braisés, de poissons braisés, d’escargots, de l’alloco, de l’attiéké, etc). Nous avons un Hôtel qui est en bordure de mer et cela est quelque chose de spécial ; cela n’a pas de prix pour les clients. Comment vous voulez qu’on fasse des innovations quand on n’a pas de l’argent ; j’ai déjà assez donné cette année, je ne vais pas encore faire d’autres efforts. Il y aura des packages pour des familles qui voudront passer le réveillon de la Noël et de la Saint-Sylvestre. Et là avec les 18 chambres que nous avons, je peux vous dire que toutes les chambres ont été réservées déjà. On ne peut plus investir quand on a plus la mentalité d’investir ; c’est le moment de retirer, pas le moment d’y mettre, j’ai déjà donné. Il n’y a pas un serveur de mon complexe sans les pourboires qui gagne moins de 150.000 FCFA ; les cuisiniers sont payés à 200.000 FCFA, les techniciens de surface à 175.000 FCFA, etc ; pour dire que je pourrai avoir les mêmes personnes en deux fois moins chères ; total je m’économiserais 1 million par mois ; cela fait 12.000.000 de FCFA en fin de l’année. Ma femme quand je vais prendre ma retraite pourra faire ce qu’elle voudra, ma fille je me demande si elle voudra revenir afin de reprendre le complexe.

 

 A.E : En tant qu’Entreprise espagnole installée en Côte d’Ivoire depuis plusieurs années, quelle est votre analyse de la politique fiscale du Gouvernement ivoirien ?

Personnellement je n’ai pas d’opinions contre ; les occidentaux on n’a des formations de citoyenneté ; des obligations qu’on a ; nous sommes civilisés. Mais ce que je peux dire c’est que cette politique n’est pas appliquée de la même manière comme en Europe. On ne peut pas nommer des personnes qui ne font pas leur travail. La politique fiscale peut-être mise mais s’il n’y a pas d’application, elle reste nulle. Par exemple pour signer un décret, il faut quatre ans, pourtant on peut le signer en trois jours ; j’ai déjà payé plus de 200 millions en loyer pour ce complexe hôtelier, c’est vraiment de l’argent. Ici c’est de l’ethno-politique, de la politique partisane ; mais il faut être optimiste quand même, il y a beaucoup à faire tant qu’il y aura ces luttes partisanes. Je ne parle pas en tant qu’étranger, mais plutôt en tant qu’un ivoirien ayant vécu plusieurs années en Côte d’Ivoire.

 A.E : Nous savons que les complexes hôteliers et les grandes surfaces dans les capitales économiques des pays sur le continent africain, sont la cible de terroristes. Quelles sont les stratégies déployées afin de sécuriser votre clientèle ?

Je pense que ce n’est pas à moi de sécuriser ma clientèle mais plutôt à l’État ; c’est pour cela qu’on paie les impôts. Ce que je peux faire à mon niveau est de mettre des gardiens pour surveiller le complexe les week-ends, car les jours ouvrables cela ne sert à rien ; j’ai des caméras de surveillance, etc. La sécurité n’est pas le problème de la société ou de l’Opérateur économique. Si un État n’est pas capable de préserver les droits de sa population, surtout des Entrepreneurs, des Opérateurs économiques, comment voulez-vous que les Investisseurs viennent. Je ne peux pas faire le travail de l’État ; tant que cette mentalité ne change pas. Pour mon personnel oui, je peux arriver à les protéger mais ce qui est de la population c’est à l’État de jouer ce rôle.

 A.E : Quelle est votre analyse sur l’Entrepreneuriat dans les pays africains, au niveau de la concurrence surtout ?

Je dirai que maintenant nous avons une facilité de créer son Entreprise (moins de 48 heures) ; mais le problème qui se pose est que l’administration n’est pas du tout rapide quand il est question d’établir des documents administratifs. L’Entrepreneuriat en Afrique, je dirai qu’au lieu de t’aider on te met des barrières ; il faut un peu de flexibilité. Avec la concurrence, je dirai qu’elle est bonne dans notre domaine d’activité au niveau de notre zone ; on est très soudés. Quand j’ai besoin de chambres, car il peut arriver que toutes mes chambres soient occupées, je peux la demander à celle de mon voisin d’à côté et vice-versa. Il n’y a pas de concurrence ; chacun fixe ses prix, mais on est toute dans la même fourchette des prix pour les hôtels de luxe dans la localité.

 A.E : Votre mot de fin à nos lecteurs

Je dirai que mon calvaire prenne fin ; mais ce n’est pas un calvaire vu que j’ai une personne qui prend la relève (mon épouse). J’aurai à voyager vu que j’adore voyager (j’ai fait la Chine, l’Espagne, le Vietnam, l’Italie, etc). J’aime la Côte d’Ivoire, je donnerai 5 étoiles aux ivoiriens pour leur accueil ; ils sont tellement chaleureux. Merci à votre site www.afriqueeconomie.net qui a pensé à venir à notre rencontre et parler de nos réalités.

 

Interview réalisée par Nadège Koffi

 

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