M. Geraldo MARTINS : “Aux Investisseurs étrangers, la Guinée Bissau est un pays qui a vraiment d’énormes potentialités, c’est un pays qui est beau, et c’est surtout un pays qui est vierge et il faudrait juste la stabilité politique et c’est cela que nous, notre parti le PAIGC, nous défendons”

M. Geraldo MARTINS : “Aux Investisseurs étrangers, la Guinée Bissau est un pays qui a vraiment d’énormes potentialités, c’est un pays qui est beau, et c’est surtout un pays qui est vierge et il faudrait juste la stabilité politique et c’est cela que nous, notre parti le PAIGC, nous défendons”

La République de Guinée-Bissau, pays lusophone de l’Afrique de l’Ouest, avec une population d’1 millions 700.000 habitants s’étend sur 36.120 km2, 28.000 km2 de terre et 8.120 km2 de mer, y compris une soixantaine d’îles dans l’Atlantique, dont l’archipel des Bijagos. Ce pays qui possède d’énormes richesses économiques, semble depuis plusieurs années confronté à de multiples crises politiques qui fragilisent son développement économique et même son positionnement au niveau de la sous-région.

Afin de mieux comprendre cette crise que traverse ce pays membre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, nous sommes entrés en contact avec un de ses fils, en la personne du Ministre de l’Economie et des Finances de la Guinée Bissau entre 2014 et 2015, M. Geraldo MARTINS.

Sans faux fuyant, M. MARTINS nous présente les potentialités économiques de son pays et invite les investisseurs étrangers à y venir, seulement à une condition de stabilité politique dont son parti le Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) y milite.

 

A.E : Présentez-vous à nos lecteurs.

Geraldo MARTINS : Je suis Geraldo MARTINS. Je suis Bissau Guinéen, j’appartiens au Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), qui est le parti majoritaire en Guinée Bissau. Je suis un membre politique. J’y ai été Ministre de l’Economie et des Finances de la Guinée Bissau entre 2014 et 2015, lorsque notre parti, le PAIGC avait remporté les élections législatives de 2014, sous le Premier Ministre Domingos Simões PEREIRA, de 2014 à 2015 et ensuite sous Carlos QUEREIRA, entre 2015 et 2016. Je souligne que Domingos Simões PEREIRA, est le Président de notre parti, le PAIGC.

 

A.E : Au poste de Ministre de l’Économie et des Finances de la Guinée Bissau, quelles sont les raisons de votre départ du Gouvernement ?

 Geraldo MARTINS : Vous savez comme je le disais tantôt, en 2014, nous avons eu des élections générales en Guinée Bissau. Cela a suivi d’ailleurs de politique un peu plus turbulente, qu’on appelle la transition, qui s’est passé pendant deux ans après les élections de 2012. Alors en 2014, au mois d’Avril, on a eu ces élections générales, ensuite législatives et présidentielles.

Notre système de Gouvernement, notre système politique est un système qu’on appelle le semi-présidentialiste. Cela signifie que les partis politiques se présentent aux élections législatives et le parti qui remporte ces élections législatives est le parti qui gagne plus de sièges au parlement. C’est le parti qui va former le Gouvernement et le Chef du parti normalement devient Premier Ministre et Chef du Gouvernement. En même temps, nous avons des élections présidentielles. Le Président de la République dans notre système constitutionnel, bien qu’aillant certains pouvoirs, joue plutôt un rôle d’arbitre, dans l’échiquier politique. Alors, nous avons le PAIGC remporté les élections législatives de 2014. Un Gouvernement a été formé et dirigé par le Président  Domingos Simões PEREIRA. Le Président de la République qui a remporté en fait les élections, c’est le candidat appuyé par notre parti, M. José Mario VAZ. Et donc, tout était partie pour vraiment une période de simples convivialités, disons politique entre le Gouvernement et les différentes Institutions. Nous avons commencé le travail du Gouvernement, avec l’espoir de transformer le pays, de créer un environnement différent de celui qui existait depuis des années. Un pays avec une instabilité politique chronique. En un an de gouvernement, nous avons réussi à faire beaucoup de choses, par exemple, nous avions des arriérés de salaires entre quatre et sept mois, indépendant du Secteur de la Fonction Publique. Nous avons quand même pu en six et sept mois, effacer tous ces arriérés de salaires. Nous avons pris des mesures importantes dans le Secteur de l’Energie. Il n’y avait presque pas d’énergie en Guinée Bissau. Nous avons réussi à rétablir le fournissement de l’énergie dans la ville de Bissau, dans 28 autres localités qui n’avaient pas d’énergie. Dans le Secteur Agricole, on a pu prendre des mesures politiques institutionnelles, très satisfaisantes pour les paysans de la noix de cajou, qui est le principal produit d’exportation de la Guinée Bissau.

Finalement, on est allé à la table ronde. C’était en Mars 2015, à Bruxelles, où on a présenté le Plan Stratégique opérationnel « TERRA RANKA », qui a été un succès énorme. Toute la Communauté Internationale nous a soutenus et une promesse de financement de 1 milliard 500 millions de dollars a été promise.

Ce Fonds d’espoir, de résultats concrets et disons de beaucoup d’espoir du peuple de la Guinée Bissau. Tous les indicateurs étaient au vert, que le Président de la République a décidé de limoger ce Gouvernement. Et vous allez me demander le Président de la République limoge le Gouvernement pourquoi ? C’est la question que tout le monde se pose. Pour nous, c’est une question d’agenda personnel du Président de la République. Le Président de la République à d’après notre constitution, a le pouvoir de limoger le Gouvernement, s’il y a une grave crise politique institutionnelle qui remet en cause le fonctionnement de l’Institution. Cela n’aurait été pas le cas, le Président de la République a limogé le Gouvernement, après, sous l’argument, sous le prétexte qu’il y avait incompatibilité personnelle avec le Chef du Gouvernement, le Premier Ministre Domingos Simões PEREIRA. Et deuxièmement, il nous a accusés, le Gouvernement de l’époque, de corruption. Donc il a dit qu’il limoge le Gouvernement parce ce que le Gouvernement a été corrompu et juste pour finir cette question, nous avions après demandé au Parlement de créer une commission d’enquête, pour vérifier les accusations du Président de la République et lorsque cette commission d’enquête a demandé au Président de la République, de présenter les preuves de corruption dû au Gouvernement, le Président de la République, a dit qu’il ne se souvenait pas d’avoir accusé le Gouvernement de corruption. Donc cela est vraiment intéressant.

A.E : Le Gouvernement de SEM José Mario VAZ semble, depuis quelques années, bousculé par de nombreuses révocations, que pouvez-vous dire de la situation économique de ce pays qui a de riches potentialités (Pétrole, Bois, Agricole, etc) ?

Geraldo MARTINS : Déjà il faut comprendre pourquoi il y a ces révocations permanentes. Ces révocations permanentes existent parce ce que le Président de la République ne respecte pas la constitution. Et, vous savez comme je vous l’ai dit tout à l’heure, en fait ce n’est pas au Président de la République de nommer un Gouvernement. Dans la constitution, c’est le parti qui majoritaire, qui nomme le Gouvernement, qui forme le Gouvernement. Le rôle du Président de la République c’est juste officiellement de nommer ce Gouvernement indiqué par le Chef du Gouvernement. Mais lorsque le Président de la République a limogé notre Gouvernement, en fait son objectif était de s’accaparer toutes les fonctions du Gouvernement. Pas seulement les fonctions du Gouvernement, mais il voulait s’accaparer tous les pouvoirs. Et donc, comme au Parlement nous avons la majorité, à chaque fois que lui il formait son Gouvernement, ce Gouvernement n’était pas en mesure de faire approuver les instruments pour pouvoir fonctionner, notamment la Déclaration Générale politique, qui est un instrument comme vous le savez, tous les Gouvernements présentent lorsqu’ils prennent fonction, ou le budget de l’Etat. Donc on a pas pendant trois ans, dans une situation atypique, où le Président de la République, allant contre la constitution, forme ses gouvernements, ces gouvernements n’arrivent pas à présenter un programme ni un budget et le Président de la République est forcé de démissionner ce Gouvernement et de former un autre Gouvernement. Donc, c’est carré carte, c’est vraiment intéressant, mais c’est ce qui s’est passé en fait. Donc, il n’a pas pu avoir un Gouvernement qui soit solide et qui puisse dans le temps, travailler et les résultats c’est que on a eu six Gouvernements, aujourd’hui on est au septième Gouvernement. Tout cela a bloqué le pays, donc les Institutions depuis trois ans sont bloquées, les mesures de Fonds ne sont pas prises, les réformes économiques institutionnelles administratives ne sont pas prises. Enfin, la campagne de noix de cajou ne se passe pas bien. Et, pour toutes ses raisons, la situation économique et sociale du pays est depuis devenue d’avantage très difficile. Je veux juste vous donner un exemple, en 2015, la Guinée Bissau avait déjà fait des gains importants, par exemple, dans le domaine de la lutte contre la mortalité infantile. Aujourd’hui, les indicateurs de mortalité infantile se sont empirés. La Guinée Bissau en 2015, avait déjà commencé à travailler dans les paramètres du Doing Business, pour améliorer l’environnement des affaires, pour attirer les investisseurs étrangers. Toutes ces réformes ont été stoppées parce ce qu’il n’y a pas vraiment des conditions politiques objectives pour les réformes institutionnelles qu’ils faillaient pour que le pays puisse avancer. Donc, la crise politique est là, la crise économique est là, la crise sociale est là, les gens n’ont pas d’argent, la population souffre, et c’est cela qui est dommage aujourd’hui en Guinée Bissau.

A.E : Pendant votre fonction au poste de Ministre de l’Économie et des Finances de la République de la Guinée Bissau, il vous été octroyé un montant de 1 milliard 500 millions de dollars pour financer un plan de développement du pays. Pouvez-vous nous en parlez ?

 Geraldo MARTINS : Oui, nous étions à Bruxelles, c’était au mois de Mars 2015. C’était moins d’un an après la prise de fonction du Gouvernement et avant Bruxelles, nous avons, le Gouvernement, avec tous les acteurs politiques, sociaux du pays, travaillaient dans un Plan qu’on appelle Plan Stratégique et opérationnel « TERRA RANKA 2015-2025 ».

 

Donc c’est un Plan de 10 ans qui vise la transformation structurelle de la Guinée Bissau et qui présente la vision pour le futur du pays. C’est un Plan qui a été aimé par tout le monde en Guinée Bissau. C’est un Plan qui a été élaboré selon une approche participative, qui engageait tout le monde et qui a été présenté à Bruxelles. Les partenaires du Développement de la Guinée Bissau nous ont fait confiance. Il faut dire que lorsqu’on allait à Bruxelles, on se disait, on ne sait pas combien on va recevoir en terme de promesse de financement. Mais pour nous déjà, si d’après nos calculs on pouvait avoir des promesses de l’ordre de 500 millions de dollars, se serait déjà un succès. Bon, vous l’avez dit, c’est à peu près 1 milliard 500 millions de dollars qu’on a eu de promesses de financement. Il y a eu d’autres partenaires du Développement qui n’étaient pas présents à Bruxelles, qui étaient prêts à donner, à nous faire des promesses. Mais, le problème c’est ce que je disais tantôt, dès qu’on est rentré en Guinée Bissau, le Président de la République a décidé de limoger le Gouvernement et donc ses promesses de financement ne se sont pas matérialisées. Le Gouvernement a été limogé, nous sommes sortis de la table ronde c’était en Mars 2015. Le Gouvernement a été limogé au mois d’Août, le 12 Août 2015. Donc c’était précisément au moment où nous créons des conditions institutionnelles pour pouvoir recevoir ces promesses de financement. Parce ce que c’était des promesses de financement, il fallait présenter des Projets. Nous avions des idées de Projets, il y avait des Projets qui étaient plus ou moins déjà ficelés, il y avait d’autres qui étaient seulement au niveau de rendre visibles. Donc, il fallait présenter ses Projets en détail, nous avions déjà mis en place le dispositif institutionnel technique pour la présentation de ce Projet, pour qu’on puisse absorber ces Fonds. Et c’est là que le Gouvernement a été limogé et malheureusement trois ans passés, nous n’avons pas pu recevoir ces Fonds. La Guinée Bissau n’a pas bénéficié donc de 1 milliard 500 millions dont on parle.

A.E : En tant que fils de la Guinée Bissau, si on vous demandait de « vendre » (parler du potentiel économique) aux investisseurs et aux partenaires, que pourrez-vous dire de votre pays ?

 Geraldo MARTINS : La Guinée Bissau est un pays riche, riche non seulement en termes de ressources naturelles, mais c’est un pays qui présente des conditions particulières pour l’investissement étranger.

Déjà, c’est un pays merveilleux du point de vue nature, c’est un pays qui présente une biodiversité incroyablement riche et belle. La Guinée Bissau est composée d’une partie continentale et d’une partie insulaire formée de 88 îles paradisiaques dont l’archipel des Bijagos qui est une réserve de biosphère, classée de l’UNESCO.

C’est dans certains de ces endroits que se passent la reproduction de certaines espèces naturelles. Il y a aussi 10% du territoire qui est essentiellement constitué de mangrove où se passe la reproduction de certaines espèces comme les crevettes et d’autres espèces, et 25% du territoire qui sont des airs protégés, c’est l’un des pourcentages le plus élevé au monde. Donc cette biodiversité, elle est riche et permet de faire beaucoup de choses et elle permet de développer le pays dans une logique de soutenabilité. En plus de cela, nous avons des secteurs qui sont porteurs. Nous avons l’Agriculture et l’Agro-Industrie. La Guinée Bissau est aujourd’hui le 5ème producteur de noix de cajou. Je sais que la Côte d’Ivoire est championne en la matière, mais la Guinée Bissau est et reste un producteur important. Et ce qui est important, intéressant, nous avons, et il s’agit là de l’avis des spécialistes, la noix de cajou de la Guinée Bissau est la meilleure au monde ! Aujourd’hui, nous exportons presque toutes les noix de cajou, sans les transformer et il y a donc des possibilités de transformation de noix de cajou. Nous avons la pêche, qui est un secteur aussi très important, c’est l’autre moteur de croissance de la Guinée Bissau. La Guinée Bissau est très riche en pêche, mais aujourd’hui, nous n’avons pas les infrastructures et le cadre institutionnel et règlementaire nécessaire pour le développement de la pêche. Nous avons le tourisme, j’ai parlé des 88 îles paradisiaques dont l’archipel des Bijagos, où on peut développer effectivement l’écotourisme et où on peut faire des investissements dans ce domaine. Et finalement on a des mines. Le secteur des mines est un secteur porteur, il y a des mines qui sont déjà là et dont on connaît le potentiel. Il s’agit surtout du phosphate et de la bauxite, avec une potentialité énorme et qui ne sont pour autant pas exploités. Donc, ce que j’allais dire aux investisseurs étrangers, c’est que le pays est un pays qui a vraiment d’énormes potentialités, c’est un pays qui est beau, et c’est surtout un pays qui est vierge et il faudrait juste la stabilité politique et c’est cela que nous, notre parti le PAIGC, nous défendons. Il faut qu’il y ait la stabilité politique pour qu’on puisse développer des politiques publiques appropriées à l’investissement pour que les investisseurs puissent venir en Guinée Bissau, nous aider dans notre effort de développement du pays.

A.E : Quelle est à ce jour votre actualité ?

 Geraldo MARTINS : Après trois ans de crise politique et institutionnelle, aujourd’hui la conversation en Guinée Bissau est sur les élections. Les dernières élections législatives étaient en Avril 2014, d’après la constitution et la loi électorale du pays, les élections doivent se faire chaque quatre ans. Donc, les élections législatives devraient se tenir en Avril 2018. On est déjà en Novembre 2018, c’est-à-dire six mois après la date des élections et donc aujourd’hui, ce que tout le monde réclame, les Guinéens Bissau le réclament, le PAIGC le réclame, toute la Communauté Internationale le réclame, faut qu’on organise le plus rapidement possible des élections législatives. Vous savez, à la suite de cette crise politique, après les différents Gouvernements qui ont été mis en place et qui n’ont pas pu fonctionner, il y a un accord qui a été signé à Conakry, qui est connu par accord de Conakry et qui avait été disons préciser à Lomé, lors du Sommet des Chefs d’Etats de la CEDEAO et ce qui a abouti à la formation de ce Gouvernement dont le rôle et la mission principale est d’organiser les élections. Et donc, une première date avait été fixée le 18 Novembre 2018 pour l’organisation des élections législatives, malheureusement, cette date ne pourra pas être tenue, compte tenu du fait qu’il y a eu des retards dans le processus technique de préparation des élections. Il y a le recensement électoral qui doit se faire, qui est en court, mais, ce qu’il faut savoir aussi c’est que la Guinée Bissau est un pays dépendant de la Communauté Internationale, aussi en matière d’organisation des élections. C’est-à-dire ce sont des pays, des Organisations comme la CEDEAO, l’Union Européenne, l’Union Africaine, des pays comme l’Angola ou même les Etats-Unis qui mettent l’argent. Et en même temps, même pour le processus de recensement, les kits de recensement ont doit les recevoir de l’extérieur. Donc il y a eu des retards, il y a des critiques qui sont aujourd’hui par rapport au processus, mais nous ce que nous disons c’est que oui c’est vrai il y a des difficultés, mais ces difficultés ne doivent pas nous emmener à arrêter le processus mais plutôt à essayer d’améliorer ce qui ne va pas, parce ce qu’il faut qu’on continue à travailler pour que les élections même si elles ne se tiennent pas maintenant, en Novembre 2018, puissent avoir lieu au plus tard fin Décembre 2018 ou au mois de Janvier 2019. Donc voilà un peu ce qui se passe aujourd’hui en termes politique en Guinée Bissau.

 A.E : L’économie de la drogue représenterait un montant supérieur au PIB du pays. Ce trafic, plus particulièrement celui de la cocaïne bat son plein et freine les investisseurs. Pouvez-vous nous expliquez et nous donner des pistes de solutions à ce problème ?

Geraldo MARTINS : Déjà, le chiffre de la drogue, je dois avouer que je ne connais pas. Vous savez, moi en termes Bissau Guinéen, j’ai toujours des difficultés à comprendre cette histoire de la drogue. Quand j’étais à la Banque Mondiale, je travaillais dans le bureau de la Banque Mondiale à Dakar, il y a un de mes collègues qui est de la Banque, qui de temps en temps effectuait des missions en Guinée Bissau et qui me disait « Je vais dans ton pays, on parle d’un narco Etat » et quand il retourne de mission, il dit « Bon on a passé deux semaines là-bas et on a rien vu. On a pas vu vraiment un mouvement qui montrerait qu’il y a de la drogue ». Mais, le point c’est que la Guinée Bissau n’est pas un narco Etat. Ce qui se passe en Guinée Bissau, c’est que l’Etat poursuit des criminels. Ils en profitent de l’instabilité politique et institutionnelle du pays. J’ai parlé des 88 îles paradisiaques dont l’archipel des Bijagos. Vous imaginez un Etat fragile comme la Guinée Bissau. Déjà l’Etat n’est pas présent dans toutes les parties du territoire. Il faut avoir des moyens pour faire la surveillance des 88 îles dont dispose le pays. Et ces moyens n’existent pas, donc les trafiquants profitent de cette fragilité, ils utilisent les îles comme point de passage de la drogue. Je pense que c’est ce qui se passe en Guinée Bissau. Alors qu’elle est la solution ? Nous déjà, en 2014, lorsqu’on a remporté les élections et qu’on a commencé à travailler, on s’est dit qu’il fallait deux ou trois choses. D’abord, il fallait renforcer la coopération internationale, en matière de combat à la criminalité organisée y compris les trafics de drogue. Deuxièmement, il fallait renforcer la surveillance de nos îles, avec des moyens n’est-ce pas qui permettraient de suivre et de combattre ceux qui font ce genre d’activités. Et on avait dit aussi qu’il fallait faire la réforme des forces de défense et de sécurité, parce ce qu’on le sait, ce sont des éléments, des officiers, qui auraient été associés à ces histoires de la drogue, parce ce qu’ils ont les moyens, ils ont les armes, ils ont un certain pouvoir si l’on veut et donc transformer notre armée dans une armée républicaine. Sur la réforme de l’armée, améliorer les conditions dans les casernes, leur donner de la formation, etc. Donc c’est cela notre objectif, c’est cela qu’on a mis encore une fois dans notre programme électoral pour ces élections qui s’avoisinent. Donc on a dit que, une des grandes réformes qu’on va faire, c’est la réforme de l’armée dans le domaine des réformes politiques qu’il faut faire au pays, mais, en même temps on sait dit aussi dans le domaine de la justice aussi, on va miser sur le combat à la corruption, le combat à l’impunité, le combat contre la délinquance et la criminalité organisée y compris le trafic de drogue. Je pense que la Guinée Bissau a toutes les conditions pour devenir un havre de paix dans la sous-région et un pays qui collabore avec les autres pays de la sous-région parce ce que le phénomène de la drogue qui a fragilisé la Guinée Bissau dans la sous-région. Il y a d’autres pays aussi qui souffre mais c’est que la Guinée Bissau est le plus fragile de la sous-région et c’est pour cela aussi que le phénomène est présenté parfois d’une façon à mon avis un peu exagéré jusqu’au point où on dit c’est un narco Etat. Effectivement comme je l’ai dit ce n’est pas le cas.

A.E : Votre mot de fin à l’endroit de nos lecteurs.

 Geraldo MARTINS : Nous remercions le site www.afriqueeconomie.net  pour cette interview. Aujourd’hui nous sommes à la croisée des chemins en Guinée Bissau. La Guinée Bissau est malheureusement connue au travers de narratives négatives, des coups d’états, des crises politiques récurrentes, etc. Mais nous en avons bon discours parce que le pays possède toutes les conditions pour sortir de ce cercle vicieux d’instabilité et pour finalement unir tous ses enfants pour qu’on puisse bâtir un pays qui soit un exemple dans la sous-région. C’est un petit pays, 1 millions 700.000 habitants, c’est un pays qui a de la richesse. La richesse de la Guinée Bissau, elle est grande, même par rapport à la population du pays. Tout ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est de la stabilité politique. Et moi, j’aimerais bien dire que c’est cela que notre parti, le PAIGC fixe comme objectif. On va vers ces élections, on veut les gagner, pour finalement bâtir ensemble avec tous les Bissau Guinéens, un pays de paix et de progrès. Nous avons un programme, nous avons une vision, nous avons un plan stratégique et opérationnel « TERRA RANKA » qui est connu de beaucoup de monde et je pense que comme on l’a vu à Bruxelles, tout le monde nous a fait confiance et la crédibilité de la Guinée Bissau y dépend, donc nous allons continuer à travailler et nous misons sur tous les amis de la Guinée Bissau y compris vous-même les représentants des médias, les journalistes, etc., tout le monde, pour arriver à passer cette image de la Guinée Bissau qui peut réussir. Voilà un peu ce que je voulais vous dire comme mes derniers mots et encore vous remercier.

 

 

Interview réalisée par Nadège Koffi

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